Le Rainbow Children’s Hospital a tiré la sonnette d’alarme, dimanche 2 mai, sur Twitter. Le directeur de cet hôpital pour enfants a expliqué que ses réserves d’oxygène allaient s’épuiser lundi, menaçant la vie de 30 nouveau-nés et enfants. La course à l’oxygène est devenue sa bataille quotidienne, comme pour la plupart des responsables de centre de soins de la capitale indienne. La veille, samedi 1er mai, 12 patients, dont un médecin, sont morts au Batra Hospital, faute d’oxygène. L’aide promise par la communauté internationale arrive chaque jour par avions-cargos remplis de générateurs d’oxygène et de respirateurs, mais il faudra encore quelque temps pour soulager la capitale et les grandes villes du pays. L’Inde s’apprête à franchir le cap des 20 millions de contaminations, elle a dépassé celui des 200 000 morts.
En attendant, New Delhi suffoque. Les gens courent dans les rues en quête de bonbonnes d’oxygène. D’autres cherchent désespérément un lit dans un hôpital. Débordés par l’afflux de malades, les établissements en sont réduits à placarder sur leurs portes des avis de pénurie d’oxygène pour dissuader les nouveaux patients. Les autorités ont décidé de prolonger le confinement jusqu’au 10 mai.
La mégapole, submergée par l’épidémie de Covid-19, a basculé dans un monde parallèle. La quête des malades n’est pas la seule image du désastre en cours. De multiples signes, parfois des détails, font comprendre à chaque instant que plus rien n’est normal dans cette ville de plus de 20 millions d’habitants, d’habitude survoltée, congestionnée, où le son des klaxons a été remplacé par les sirènes hurlantes des ambulances.
Poussière noire
Il y a cette poussière noire qui s’infiltre partout et s’accumule sur les balcons et les fenêtres, alors que le ralentissement de l’activité, en raison du confinement et des conditions météorologiques, devrait favoriser un air respirable. Ce sont les cendres amenées par le vent des bûchers qui brûlent à la chaîne les corps des victimes de l’épidémie. Les établissements continuent d’être débordés, comme le principal crématorium de Delhi, Nigambodh, à proximité de la rivière Yamuna, où des corps ont été entreposés sur des civières en bambou à même le bitume du parking, recouverts de linge ou de plastique. Devant, des familles attendent leur tour.
Il y a ces journaux de plus en plus minces, qui rappellent que les journalistes indiens sont en première ligne : 150 d’entre eux sont morts du Covid-19 depuis le début de l’épidémie. Leurs noms comme ceux d’autres victimes défilent sur Twitter. Le réseau social qu’affectionne tant Narendra Modi, le premier ministre indien, est un véritable carnet mortuaire. On y lit le nom des disparus, des personnalités du milieu culturel, écrivains, acteurs, des hommes politiques, des journalistes et des anonymes auxquels leurs proches veulent rendre hommage pour témoigner de l’injustice de cette épidémie qui frappe au hasard. Twitter est aussi le réceptacle de condoléances et de SOS lancés par des inconnus et par des hôpitaux pour aider à trouver un lit, de l’oxygène, du plasma, des médicaments.
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