Le président algérien, Albdemadjid Tebboune, a enjoint son gouvernement, dimanche 2 mai, d’ouvrir « un dialogue » avec les partenaires sociaux afin de tenter d’apaiser la colère sociale qui monte dans le pays. Grèves, chômage élevé (15 %), paupérisation, flambée des prix et pénuries de denrées de base… Un front social en ébullition s’ajoute désormais à une profonde crise économique, née de la chute de la rente pétrolière, et à l’impasse politique qui perdure depuis le soulèvement populaire du Hirak, il y a deux ans.
Lors d’un conseil des ministres, M. Tebboune a « ordonné d’engager un dialogue avec les différents partenaires sociaux aux fins d’améliorer la situation socioprofessionnelle des employés du secteur » de l’éducation et de la santé, selon un communiqué officiel.
Au même moment, les agents de la Protection civile, pompiers notamment, défilaient en uniforme non loin du siège de la présidence algérienne, jusqu’au bâtiment de leur direction générale, a constaté un photographe de l’AFP. Ils exigeaient la satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelle et la libération d’un des leurs, arrêté sans explication dans la matinée.
« Un complot contre le pays »
La manifestation a été violemment réprimée par la police, selon des déclarations de pompiers relayées sur les réseaux sociaux. « Ils nous ont frappés et ont utilisé du gaz lacrymogène. En plein ramadan. Nous n’avons rien fait. Nous n’avons rien cassé. Nous connaissons la réglementation. Nous demandons juste nos droits », a lancé un des pompiers aux journalistes dans une vidéo diffusée sur Internet.
Dans un communiqué diffusé par la presse et les télévisions, le ministère de l’intérieur a qualifié ce mouvement de protestation d’« illégal » et relevant d’« un complot contre le pays », des allégations récurrentes qui visent également d’autres voix dissidentes en Algérie, ainsi que des médias privés. Le ministère de l’intérieur a accusé les protestataires d’être poussés « par des parties hostiles à l’Algérie ».
Samedi, lors de son message à l’occasion du 1er mai, M. Tebboune a averti que « toute forme d’expression revendicative dans les différents secteurs devrait tenir compte des intérêts des citoyens, respecter les lois de la République et ne pas servir de motif d’instrumentalisation douteux ». Signe inquiétant pour un régime impopulaire et paralysé face au retour du Hirak dans la rue, les conflits sociaux se multiplient dans les services publics : éducation, administration fiscale, chemins de fer, pompiers et secteur de la santé éreinté par le Covid-19.
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