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L’App Store d’Apple, de la magie des applis à la rage des développeurs

« Miracle économique » selon Tim Cook, le patron d’Apple, système « tyrannique », pour l’éditeur de jeux vidéo Epic Games: l’App Store est au coeur d’un procès qui s’ouvre lundi entre les deux sociétés et fait l’objet d’enquêtes dans différents pays qui accusent la marque à la pomme d’abus de position dominante.

Le point sur le fonctionnement de la plateforme qui a lancé l’économie des applications mobiles.

Boutique d’applis

L’App Store a été mis en fonction en juillet 2008, la veille de la sortie de l’iPhone 3G. Le magasin d’applications mobiles gratuites ou payantes – rapidement imité par les technologies concurrentes – a donné naissance à toute une économie de services accessibles sur son smartphone.

Les éditeurs tiers soumettent leurs applications, et si elles sont validées, elles deviennent disponibles sur cette boutique numérique, seul endroit où les utilisateurs d’iPhone ou d’iPad peuvent les télécharger.

Ces consommateurs représentent un marché juteux, auquel les développeurs d’applis n’ont accès que via l’App Store.

Le géant de l’électronique compte un milliard d’iPhone actifs dans le monde, et l’App Store propose 1,8 million d’applis.

« Apple a aidé à construire une économie qui rapporte plus de 500 milliards de dollars par an, et ne reçoit qu’une lichette de ce montant pour toute l’innovation qu’elle a facilité et les coûts d’opération », a affirmé Tim Cook lors d’une interview au New York Times début avril, qualifiant l’App Store de « miracle économique ».

Petits arrangements entre amis

La firme de Cupertino prélève une commission de 30% sur les ventes d’applications dans l’App Store et sur les achats de biens et services numériques au sein de ces applis, comme les abonnements pour un programme de méditation ou un coffret surprise dans un jeu vidéo.

Depuis le 1er janvier 2021, Apple applique un taux réduit de 15% pour les nouveaux venus et les développeurs ayant réalisé moins d’un million de dollars de revenus (après commission) l’année précédente. C’était déjà le cas pour les abonnements, à partir de la deuxième année.

Mais certaines sociétés avaient déjà trouvé le moyen d’éviter la commission.

Sur Spotify, ce message s’affiche à côté des formules payantes : « Vous ne pouvez pas prendre d’abonnement Premium sur l’appli. On sait, ce n’est pas idéal ». A l’utilisateur de comprendre, comme pour Netflix, qu’il doit souscrire depuis le site internet.

Ces services peuvent se reposer sur leur popularité – leurs utilisateurs trouvent d’eux-mêmes le chemin. Amazon Prime Video, le service de streaming du géant du commerce en ligne, a de son côté négocié un arrangement avec Apple.

La « taxe Apple »

Les éditeurs moins connus, ou ceux qui tirent leurs revenus des transactions dans l’appli, comme de nombreux jeux vidéo, n’ont pas cette option.

Certains ont pris le parti de proposer des abonnements plus chers, pour compenser leurs frais – comme Tidal (appli de musique) qui coûte 13 dollars par mois sur l’iPhone, au lieu de 10 ailleurs.

Epic Games a lui tenté de contourner le système de paiement d’Apple l’été dernier: son jeu Fortnite s’est aussitôt vu interdit d’App Store. Dans sa plainte contre le groupe californien, le studio avait qualifié la « taxe Apple » de « tyrannique ».

Apple fait valoir depuis des années que sa commission, d’un niveau standard dans l’industrie, sert à assurer le bon fonctionnement de la plateforme et la sécurité des utilisateurs.

Juge et partie

Epic Games et de nombreuses autres entreprises reprochent surtout au fabricant de l’iPhone des comportements qu’elles jugent anti-concurrentiels, parce qu’il définit seul les termes d’un magasin incontournable, où il est à la fois juge et partie.

Spotify accuse ainsi Apple de se servir de l’App Store pour promouvoir de manière déloyale sa propre application Apple Music.

Saisie de sa plainte, la Commission européenne vient d’estimer que le groupe à la pomme a bien « faussé la concurrence » pour évincer ses rivaux.

Aux Etats-Unis, le ton monte également. Facebook voit dans les nouvelles règles sur la confidentialité des données imposées aux applis par Apple un abus de position dominante.

Ce changement récent aura sans doute des conséquences sur les recettes publicitaires des développeurs, leur autre source de revenus hors transactions et abonnements.

Les autorités fédérales et les Etats mènent des enquêtes sur le caractère monopolistique de l’App Store, qui pourraient déboucher sur des poursuites en justice.

Android (Google), le système d’exploitation mobile dominant dans le monde (84% de parts de marché contre 16% pour l’iOS d’Apple, selon le cabinet IDC), fonctionne de façon similaire. Mais contrairement à iOS, il laisse la possibilité de télécharger des applis autrement que via le Play Store, la boutique d’Android.

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