Publié le : 02/05/2021 – 18:06
Le programme international Covax, censé garantir un approvisionnement équitable au vaccin pour toutes les nations, fait les frais de la crise en Inde, son principal fournisseur, qui a bloqué ses exportations. Un revers de plus pour ce programme qui peine à s’imposer depuis sa création en 2020.
En proie à une explosion de cas de Covid-19, l’Inde est devenue en quelques semaines l’épicentre de la pandémie. Le pays, qui enregistre désormais plus de 3 000 décès journaliers et comptabilise près de 20 millions de cas, a décidé d’élargir, samedi 1er mai, la vaccination à l’ensemble de sa population.
Depuis plusieurs semaines, le pays a également bloqué l’exportation de doses vers l’étranger – une décision lourde de conséquences, puisque l’Inde est le premier fournisseur du programme international Covax, dont le but est de garantir un accès équitable en vaccins aux pays pauvres. Un nouveau coup dur pour cette initiative qui cumule, depuis sa création, les retards.
Manque de solidarité
Mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le partenariat Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation » (Gavi), le système Covax a été créé pour faciliter l’accès au vaccin à 200 pays à travers le monde, dont 92 États à « faibles et moyens revenus » qui doivent obtenir des doses gratuitement.
Alors que l’OMS estime que 7 milliards de dollars sont nécessaires pour aller au bout du projet, l’initiative, financée par 191 pays ainsi que des organismes privés, ne parvient en 2020 à recueillir que 2 milliards.
Le programme prend du retard et les premières doses n’ont été acheminées que fin février 2021, en Côte d’Ivoire et au Ghana.
Début avril, l’OMS tire la sonnette d’alarme : 38 millions de doses ont été livrées alors que le projet ambitionnait d’atteindre les 100 millions fin mars. Si le processus d’acheminement est en place, le programme fait alors face à une importante pénurie de doses.
Le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a déjà, à plusieurs reprises, appelé les pays riches à une plus grande implication au sein de ce programme solidaire, lance un nouvel avertissement.
« Nous comprenons que certains pays et entreprises puissent vouloir faire des donations de vaccins sans passer par Covax pour des raisons politiques et commerciales qui leur sont propres. Mais ces arrangements bilatéraux risquent d’accentuer les inégalités vaccinales », souligne-t-il alors.
La crise indienne
Outre ses difficultés à fédérer les acteurs, Covax fait également face à de gros problèmes logistiques. Car le programme a misé gros sur le vaccin AstraZeneca, moins cher que ses concurrents Pfizer/BioNTech ou Moderna, et qui présente l’avantage de pouvoir être stocké dans de simples réfrigérateurs et non à très basse température. Constatant une efficacité de 63,09 % et jugeant qu’il « convient aux pays à revenu faible ou intermédiaire en raison de sa facilité de stockage », l’OMS lui accorde une autorisation d’urgence le 15 février, afin, notamment, d’en acheminer des centaines de milliers de doses par le biais de Covax.
La majorité de ces vaccins sont produits par le Serum Institute of India, l’un des plus gros producteurs mondiaux de vaccins, qui s’est engagé à fournir 1 milliard de doses à Covax. Mais le 24 mars, alors que la pandémie augmente fortement en Inde, le gouvernement annonce la suspension des exportations d’AstraZeneca. Une mesure temporaire, dont les autorités annoncent qu’elle impactera les livraisons jusqu’à fin avril.
Un mois plus tard, le constat est amer : l’OMS annonce que les livraisons de 90 millions de doses de vaccins AstraZeneca produites par l’Inde, qui étaient prévues en mars et avril dans 60 pays, n’ont pas pu avoir lieu.
Alors que le monde se mobilise pour venir en aide à l’Inde en proie à la catastrophe, la levée de l’embargo sur l’exportation de vaccins produits dans le pays ne semble pas être à l’ordre du jour avant de longs mois. « Nous attendons la reprise des livraisons », s’est contenté d’indiquer, le 26 avril, le directeur exécutif de l’Alliance pour les vaccins, Seth Berkley, lors d’une conférence de presse.
Alors que les acteurs de Covax ont entrepris des discussions avec d’autres pays pour recevoir des dons de doses, l’OMS a attribué, le 30 avril 2021, une autorisation d’urgence au vaccin Moderna, ouvrant la voie à l’utilisation de ce vaccin au sein du programme pour les pays pauvres.
Jusqu’à présent, 118 pays et territoires ont reçu plus de 40,8 millions de doses via Covax. Une goutte d’eau, rapporté aux 2 milliards de doses que le programme ambitionne de financer et de sécuriser en 2021.
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