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Chaussures de « running »: un David stéphanois à l’assaut des Goliaths internationaux

C’est encore une très petite entreprise mais elle a su se faire un nom dans le textile à usage sportif. BV Sport veut désormais s’attaquer aux géants de la chaussure de « running », avec un produit 100% « made in France ».

Dans ses ateliers de Saint-Etienne, dotés de métiers à tisser numériques de dernière génération, BV Sport fabrique cuissards, bas et chaussettes de compression, qui favorisent la récupération et réduisent les risques de tendinites et de lésions musculaires.

Thomas Corona (d) et Jérémie Catteau, le 6 avril 2021 à Saint-Etienne (AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)

Thomas Corona (d) et Jérémie Catteau, le 6 avril 2021 à Saint-Etienne (AFP – JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)

La société compte parmi ses clients des noms aussi prestigieux que les équipes de France de football et de rugby, le Paris Saint-Germain, l’Olympique de Marseille ou Arsenal…

Saint-Etienne, rappelle le propriétaire de l’entreprise Salvatore Corona, est la capitale française de la compression textile, avec des noms comme Thuasne, Gibaud, Sigvaris… et BV Sport. Si les trois premiers sont surtout présents dans les produits à usage médical, le petit dernier a lui choisi de se spécialiser dans le sport.

Et ce dès le départ: l’un des fondateurs – deux médecins angiologues – n’est autre que Michaël Prüfer, médaille d’or en ski de vitesse aux Jeux olympiques d’hiver d’Alberville de 1992.

« Pour les veines profondes des sportifs, il faut un autre outil de compression que les traditionnels bas à varices », explique M. Corona. « Le Dr Prüfer en a fait l’objet de sa thèse et a déposé un brevet ».

– Comme une chaussette –

Dans l'usine de production de Booster Veines Sports (BV Sports), le 16 avril 2021 à Saint-Etienne (AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)

Dans l’usine de production de Booster Veines Sports (BV Sports), le 16 avril 2021 à Saint-Etienne (AFP – JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)

Mais sa société vivotait jusqu’à sa reprise en 2006 par M. Corona, un ancien industriel du bâtiment.

Depuis, le chiffre d’affaires est passé de 150.000 euros à 6 millions d’euros. Les affaires vont bien au point que l’industriel se met à la recherche d’une acquisition: ce sera celle de la petite marque de chaussure de « running » Veets, conclue en juin dernier en pleine crise sanitaire.

« C’est la seule marque de chaussure de sport vraiment technique de fabrication française », relève M. Corona, « mais son fondateur s’est rapidement heurté à la concurrence des marques fabriquées en Asie ».

BV Sport va lui apporter son bureau d’études et de design et la force de son service commercial. Et surtout rapatrier sur Saint-Etienne sa production, actuellement sous-traitée en Vendée.

La « tige », la partie supérieure de la chaussure, peut être tissée d’un bloc, d’une manière pas très différente des chaussettes que le groupe produit déjà.

Ce type de fabrication permet de supprimer nombre d’interventions manuelles. Les coûts de main d’œuvre, déterminants dans le prix de revient d’une chaussure, s’en trouvent ainsi réduits.

Reste toutefois un point bloquant: la semelle, en particulier la semelle intermédiaire placée entre la tige et la « semelle d’usure » en contact avec le sol.

« C’est le moteur de la chaussure, qui lui confère ses qualités d’amorti et de rebond », relève Jérémie Catteau, directeur général adjoint de Veets.

Or ces semelles, en éthylène-acétate de vinyle (ou EVA), sont systématiquement fabriquées à l’étranger. « Nombreux sont ceux qui se sont essayés à la fabriquer en France et tous ont abandonné ».

M. Corona assure toutefois être « en pleine étude pour la fabriquer en France du côté de Romans », un des derniers territoires hexagonaux où se fabriquent des chaussures. « On se donne deux ans pour que nos chaussures soient entièrement fabriquées ici », avance-t-il.

« L’idée est d’obtenir le label Origine France Garantie, ce qui serait une première » sur un marché archidominé par les importations, abonde son fils Thomas qui pilote le projet.

« Made in France » et aussi écoresponsabilité: la tige des chaussures Veets est tissée à partir de plastique recyclé.. et recyclable.

– Un défi ardu –

Un emloyé travaille sur un métier à tisser dans l'usine de Booster Veines Sports (BV Sports), à Saint-Etienne, le 6 avril 2021 (AFP - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)

Un emloyé travaille sur un métier à tisser dans l’usine de Booster Veines Sports (BV Sports), à Saint-Etienne, le 6 avril 2021 (AFP – JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)

Le marché est immense: la France compte 12 millions de pratiquants de la course, dont les plus assidus achètent deux à trois paires de chaussures par an.

« Même en en prenant une toute petite part, nos volumes vont exploser », pronostique M. Catteau.

BV Sport compte produire 16.500 paires de Veets cette année. Dans les cinq ans, l’objectif est d’atteindre les 80.000 paires.

Mais Veets trouvera sur sa route des marques installées, comme les Japonais Mizuno ou ASICS « qui font des produits techniques de qualité depuis cent ans ». « Le challenge est ardu. C’est bien pour cela que personne ne s’y est risqué », relève Thomas Corona.

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