Comme un long massage cardiaque, les négociations se poursuivent à Vienne, depuis le 6 avril, pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien (JCPoA). Américains et Iraniens ne se parlent pas directement, obligeant les délégations des autres parties impliquées (France, Allemagne, Royaume-Uni, Chine, Russie, Union européenne) à des navettes incessantes. Un prudent optimisme et un sentiment d’urgence se confondent chez les acteurs du dossier.
Sa complexité est liée au contexte politique et sécuritaire : d’une part l’élection présidentielle iranienne à venir en juin, et d’autre part les opérations clandestines, attribuées généralement à Israël, menées contre le programme nucléaire de la République islamique. A l’instar de l’explosion spectaculaire sur le site de Natanz, le 11 avril, qui a poussé Téhéran, en réponse, à reprendre l’enrichissement à 60 % de l’uranium, une violation grave de ses engagements au titre du JCPoA.
Mais cette escalade n’a pas conduit les signataires à la rupture, au nom de l’objectif supérieur que représente le sauvetage du JCPoA, dont les Etats-Unis s’étaient retirés en 2018. Deux groupes d’experts ont été formés : l’un travaille sur les sanctions américaines à lever, l’autre sur les mesures que l’Iran devra prendre pour se remettre en conformité avec le JCPoA. Deux feuilles de route sont à l’état d’ébauche. Un troisième groupe a débuté ses travaux le 28 avril afin de coudre ensemble ces démarches.
Equation complexe
Parmi les diplomates impliqués dans cet exercice délicat figure l’ambassadeur russe auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov. Un connaisseur du dossier : au moment de la signature du JCPoA, en 2015, il dirigeait le département de la non-prolifération et du contrôle des armements, à Moscou, au ministère des affaires étrangères.
Dans un entretien au Monde, M. Oulianov confie son espoir d’un succès diplomatique, au cours des prochaines semaines. « J’estime que les Etats-Unis devraient faire le premier pas, parce que ce sont eux qui ont quitté l’accord, créant ainsi de nombreux problèmes avec leur politique de pression maximale, dit-il. Ce serait juste. Des pas initiaux de part et d’autre créeraient une atmosphère plus favorable pour les négociations, mais c’est à Washington et à Téhéran de se prononcer. »
Cela étant posé, le diplomate russe, qui a rencontré jeudi l’envoyé spécial américain Robert Malley, a tout de même une idée de la forme possible de ce premier engagement. « Je ne vois aucune raison pour laquelle les Etats-Unis devraient conserver les avoirs iraniens gelés en Iran, en Corée du Sud ou au Japon, affirme-t-il. Cet argent ne leur appartient pas, il a été saisi illégalement. Il est grand temps pour les Etats-Unis de le libérer, en signe de bonne volonté. »
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