Tribune. « Un retrait des troupes. Une solution politique. » Tel était le conseil que Mikhaïl Gorbatchev adressait à Barack Obama, en 2010, sur la meilleure façon de sortir de la guerre en Afghanistan. Et il ajoutait : « Cela requiert une stratégie de réconciliation nationale. » L’ancien chef de l’Union soviétique parlait d’expérience, puisque c’est cette même stratégie qu’il avait tenté de mettre en œuvre à la fin des années 1980.
Mais si l’armée soviétique s’est bel et bien retirée d’Afghanistan en 1989, la réconciliation nationale ne s’est pas produite. Les talibans ont pris possession du pays, et Al-Qaida y a établi ses bases opérationnelles d’où sont partis les attentats du 11 septembre 2001.
C’est pourtant cette stratégie de la « double voie » qu’a tenté de mettre en place l’administration Obama à partir de 2010 (alors que près de 100 000 militaires américains étaient présents en Afghanistan), en lançant des négociations secrètes avec les talibans. Malgré une baisse considérable de l’engagement militaire américain (10 000 militaires à la fin du second mandat d’Obama, en 2017), ces discussions avec les talibans échouèrent.
Donald Trump s’inscrivit lui aussi dans une approche « retrait-réconciliation » en fixant au 1er mai 2021 la date de retrait définitif des troupes américaines, sans obtenir davantage de résultats sur le chapitre réconciliation nationale, ni de concessions de la part des talibans.
L’insécurité repart
C’est ce qui explique la décision de Joe Biden d’un retrait total des 2 500 militaires américains encore présents sur le sol afghan, ainsi que des troupes de l’OTAN, au 11 septembre, mettant ainsi un terme à la plus longue guerre menée par les Etats-Unis, qui a coûté la vie à près de 2 200 de ses soldats et à plus de 100 000 Afghans. Le préalable de la réconciliation nationale a disparu, puisque jugé inatteignable par la nouvelle administration américaine.
Pour éviter que l’Afghanistan ne redevienne un centre d’opérations terroristes dirigées contre l’Occident, les Etats-Unis vont devoir mettre en place une stratégie antiterroriste offshore
La question qui se pose désormais est celle des conséquences de cette décision sur la sécurité du pays, sur celle de ses voisins mais aussi sur la nôtre. Si les 130 milliards de dollars [environ 108 milliards d’euros] déversés par les Etats-Unis ont alimenté la corruption, ils ont aussi permis d’améliorer les conditions de vie des habitants des grandes villes afghanes, et en particulier de Kaboul.
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