Lancé il y a quatre ans, ce projet de trimaran autonome a fait l’objet d’une collaboration internationale et a reçu le soutien d’IBM. Le bateau lèvera l’ancre le 15 mai, destination Plymouth, dans le Massachusetts aux Etats-Unis.
Voguant dans la baie de Plymouth, au sud-ouest de l’Angleterre, le « Mayflower 400 », premier navire intelligent, coupe ses moteurs et active un hydrophone, conçu pour écouter les baleines. Le tout sans aucune intervention humaine. Capable de prendre ses propres décisions et de naviguer en totale autonomie, ce petit trimaran de 15 mètres de long et 9 tonnes, couvert de panneaux solaires, se prépare à traverser l’océan Atlantique tout seul. Il pourra étudier l’environnement en analysant la présence de plastique dans l’eau ou traquant les mammifères marins.
L’océan « est la force la plus puissante de la planète qui régule notre climat », explique à l’AFP Brett Phaneuf, fondateur de l’association ProMare et architecte du projet. Mais plus de 80% des océans restent inexplorés, en raison de leur immensité et des dangers encourus. « La mer est un environnement impitoyable, donc avoir un bateau sans personne à bord, cela permet vraiment aux scientifiques d’élargir la zone d’étude », souligne Rosie Lickorish, spécialiste des technologies émergentes chez IBM, l’un des partenaires qui ont rejoint le projet depuis sa naissance il y a quatre ans.
Les informations récoltées disponibles gratuitement
Lorsque l’idée a émergé, « d’autres fournisseurs de technologie ont commencé à nous aider », raconte Brett Phaneuf, ainsi que plusieurs « centaines » de personnes de l’Inde aux États-Unis, en passant par le Japon ou la Suisse. Sans cet « effort mondial », le projet « aurait coûté des dizaines de millions » de dollars au lieu d’ « un peu moins d’un million de dollars » investis au final par ProMare, qui mettra gratuitement à disposition les informations récoltées.
Le grand départ vers les Etats-Unis est prévu aux alentours du 15 mai, en fonction de la météo et de l’autorisation pour l’instant incertaine des autorités britanniques. Le bateau devrait mettre environ trois semaines pour atteindre un autre Plymouth, dans le Massachusetts, reproduisant la traversée du « Mayflower » originel il y a plus de 400 ans, en 1620, lorsqu’une centaine de « pèlerins », des dissidents religieux anglais, étaient partis pour le Nouveau monde.
Mais pour ce futur voyage, qui a été retardé par la pandémie, « personne ne tombera malade » et « on pourra prendre tout le temps qu’on veut pour les expériences scientifiques », précise M. Phaneuf sur le port anglais. A ses côtés, assis sur les quais, trois informaticiens contrôlent les équipements depuis leurs ordinateurs tandis qu’une étudiante ingénieure de 21 ans, Meirwen Jenking-Rees, vérifie les moteurs avant un entraînement.
Une IA entrainée à la navigation maritime
La construction du trimaran, entièrement robotisé, du gouvernail au groupe électrogène diesel qui complète l’énergie solaire, a pris un an. Le développement de son « capitaine virtuel », une intelligence artificielle qui a commencé par apprendre à identifier les obstacles maritimes en analysant des milliers de photographies, a pris encore plus de temps. Les programmeurs ont également appris au « Mayflower 400 » à éviter les collisions. Forte de ces connaissances, l’embarcation est partie en mer pour un « apprentissage supervisé ». « On peut lui dire quelles sont ses bonnes et ses mauvaises actions, ce qui est dangereux ou non », explique Ollie Thompson, ingénieur en robotique.
Puis « on passe au stade où le bateau est capable de se corriger lui-même », c’est-à-dire de « penser » grâce à un système informatique qui simule la manière dont un cerveau humain analyse les informations. « Il continue d’apprendre par lui-même », en utilisant ses « yeux », un système sophistiqué de six caméras, et ses « oreilles », c’est-à-dire son radar, ajoute M. Thompson. Cependant, en raison des règlementations sur la navigation sans personne à bord, qui est inédite, le « Mayflower 400 » n’a pas encore pu « sortir sur une mer agitée, avec de grosses vagues, du vent, de la pluie », soit le « pire scénario », celui d’une violente tempête, regrette Meirwen Jenking-Rees. A la place, le trimaran s’est entraîné à affronter des vagues de 50 mètres à l’aide d’un simulateur.
Le Mayflower 400 va détecter les mammifères marins et analyser l’eau
Il utilisera son intelligence artificielle pour mener des expériences scientifiques, explique Rosie Lickorish. Il a par exemple « été entraîné à l’aide de milliers d’heures d’enregistrement audio (…) à détecter les mammifères marins, les reconnaître et nous apprendre des choses sur la répartition de leurs populations ».
Analyser la composition chimique de l’eau, mesurer le niveau de la mer et prélever des échantillons à la recherche de microplastiques figurent parmi ses autres missions, une collecte de données similaire à celle que font des robots dans l’espace depuis des décennies. Malgré son autonomie totale, l’équipe surveillera le bateau 24 heures sur 24 depuis l’Angleterre, prête à intervenir à distance en cas de danger. On pourra suivre la traversée du via le compte Twitter dédié au Mayflower 400.
Le bateau autonome Mayflower, piloté par une AI, va traverser l’Atlantique
Article de Fabrice Auclert 18/10/2019
L’ONG Promare s’est associée à IBM pour un beau projet : fêter les 400 ans de la première traversée des colons anglais vers les États-Unis. Ce « Mayflower » du XXIe siècle partira en septembre 2020 et la navigation sera confiée à l’intelligence artificielle.
Il y a quasiment 400 ans, en septembre 1620, un navire quittait l’Angleterre pour rejoindre le nord du continent américain. Son nom : le Mayflower, devenu le symbole de l’arrivée des premiers colons européens aux États-Unis. Pour fêter cet anniversaire, l’ONG Promare et IBM ont décidé de refaire le parcours en bateau, entre Plymouth en Angleterre, et Plymouth dans le Massachussetts ; et l’inventeur de Deep Blue a décidé d’en confier la barre à… une intelligence artificielle !
Ce trimaran entièrement autonome s’appelle tout simplement « Mayflower », il partira en septembre, comme son illustre ancêtre. Pour parcourir les quelque 5.000 km qui séparent les deux continents, Promare et IBM ont doté leur navire de panneaux solaires, ainsi que d’éoliennes et d’un moteur diesel pour le propulser.
Sans équipage, ni commandement à distance, ce bateau autonome va traverser l’Atlantique à partir de septembre 2020. © IBM
L’IA va détecter les obstacles
Ce voyage ne sera pas que symbolique puisque le navire sera aussi utilisé pour mener des expériences dans des domaines tels que la cybersécurité maritime, la surveillance des mammifères marins ou encore l’étude des microplastiques. Pour ce projet, IBM a fourni sa technologie PowerAI Vision, capable de détecter des objets dans les images et les vidéos. Elle permettra d’éviter les obstacles et autres dangers en mer. Pour cela, l’IA utilisera des radars et des Lidar.
Grâce aux serveurs présents sur le bateau, tout fonctionne en local, sans connexion extérieure, et le terme « autonome » prend là tout son intérêt. Simplement, les données seront envoyées aux deux QG, situés au départ et à l’arrivée. Pour ceux qui resteront à quai, l’idée est de leur proposer des applications de réalité virtuelle pour embarquer sur le Mayflower et pour effectuer la traversée « virtuellement ».
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