Publié le : 29/04/2021 – 07:42
La Chine a procédé au lancement, jeudi 29 avril, du module central Tianhe, premier des trois éléments de sa station spatiale, la « CSS », dont la construction nécessitera jusqu’à fin 2022 une dizaine de missions.
La Chine a lancé jeudi le premier des trois éléments de sa station spatiale, un projet ambitieux pour Pékin qui devrait lui permettre à terme d’avoir des astronautes en permanence dans l’espace.
Le module central Tianhe (« Harmonie céleste »), futur lieu de vie des astronautes, a été propulsé par une fusée Longue-Marche 5B depuis le centre de lancement de Wenchang, sur l’île de Hainan (sud), selon la télévision publique CCTV.
Le président Xi Jinping a adressé dans un télégramme ses « chaleureuses félicitations » aux équipes techniques, la station spatiale étant un « projet de premier plan pour faire du pays une puissance des sciences, des technologies et de l’espace ».
La station « sera une avancée majeure pour les capacités chinoises en matière de vols habités », déclare à l’AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux États-Unis. « Cela devrait leur permettre d’avoir une présence humaine permanente dans l’espace et donc d’accroître de manière significative l’expérience de leurs astronautes ».
Nommée en anglais CSS (pour « Station spatiale chinoise ») et en chinois « Tiangong » (« Palais céleste »), elle évoluera en orbite terrestre basse (entre 340 et 450 km d’altitude).
Semblable à l’ancienne station russo-soviétique « Mir » (1986-2001), sa durée de vie prévue sera de dix à quinze ans.
« Elle servira de base à des opérations de plus grande envergure : missions habitées vers la Lune, tourisme spatial, sciences spatiales ou encore applications concrètes pour les humains », note Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.
Une fois terminée, la CSS devrait peser près de 100 tonnes. À titre de comparaison, elle sera environ trois fois plus petite (en taille) que la Station spatiale internationale (ISS).
« Concurrence »
D’une longueur de 16,6 mètres et d’un diamètre de 4,2 mètres, le module « Tianhe » lancé jeudi sera l’élément central de la future station et en sera également le poste de contrôle.
Pour finaliser la construction de la CSS, la Chine devrait lancer jusqu’à fin 2022 une dizaine de missions, certaines habitées, afin d’acheminer et d’assembler les deux autres modules. Aucun calendrier précis n’a été publié.
Prochaines étapes toutefois : un vaisseau cargo, « Tianzhou-2 », devrait être lancé et s’arrimer à « Tianhe », a priori en mai. Puis la mission habitée « Shenzhou 12 » doit emmener en juin des astronautes à bord de cette CSS en construction.
Avec la CSS chinoise et l’ISS chapeautée par l’agence spatiale américaine (Nasa), il y aura donc deux stations en orbite autour de la Terre.
« Politiquement, cela symbolise le renforcement de la concurrence entre États-Unis et Chine », note Chen Lan.
De par sa taille et ses coopérations internationales pour l’instant limitées, la station chinoise n’a toutefois pas les moyens d’être une concurrente de l’ISS, « qui est globalement plus mature et performante », estime Jonathan McDowell.
Pékin s’est dit ouvert à des collaborations avec l’étranger. Des scientifiques chinois et de l’ONU ont ainsi sélectionné des expériences de chercheurs étrangers, qui seront menées dans la future CSS.
La Lune et Mars
« Ces visiteurs réaliseront des expériences, mais ils seront davantage des touristes que des partenaires dans le fonctionnement de la station, contrairement par exemple au rôle plus actif qu’ont les astronautes japonais et européens dans l’ISS », explique Jonathan McDowell.
« La Russie et le Pakistan seront très probablement les premiers partenaires et pourraient être suivis par l’Agence spatiale européenne (ESA) », mais cette dernière collaboration est « très incertaine » car « le climat politique a beaucoup changé », note Chen Lan, en référence aux tensions autour du Xinjiang et de Hong Kong.
Des astronautes étrangers monteront-il un jour dans la CSS ? Peut-être, mais aucune chance d’y voir un Américain : une loi américaine interdit à la Nasa tout lien avec la Chine.
Le géant asiatique investit depuis quelques décennies des milliards dans son programme spatial pour rattraper Européens, Russes et Américains.
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La Chine avait envoyé son premier astronaute dans l’espace en 2003, Yang Liwei. Le pays a posé début 2019 un engin sur la face cachée de la Lune – une première mondiale.
L’an passé, il avait rapporté des échantillons de Lune et finalisé Beidou, son système de navigation par satellite (concurrent du GPS américain).
La Chine prévoit de faire atterrir le mois prochain un robot sur Mars, mais aussi d’envoyer des humains sur la Lune à l’horizon 2030. Elle a également annoncé vouloir construire une base lunaire avec la Russie.
Avec AFP
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