L’assemblée plénière du Parlement européen a refusé, jeudi 29 avril, de voter la « décharge » (approbation) du budget 2019 de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Ce geste de défiance et de mauvaise humeur des eurodéputés, qui exigent la clarté sur l’action et la gestion de l’agence, installée à Varsovie, était attendu : les commissions du contrôle budgétaire et des libertés avaient recommandé à la plénière, dès le 26 mars, de geler sa décision. Seuls, le groupe d’extrême droite Identité et démocratie (ID, dont le Rassemblement national est membre), les eurosceptiques du groupe Conservateurs et réformistes européens (ECR) et la députée Les Républicains Nadine Morano s’étaient opposés à cette décision au sein de la commission des libertés civiles, l’élue macroniste Fabienne Keller s’abstenant.
Mardi, le rejet de la décharge a été approuvé par 528 voix contre 127, et 43 abstentions. Cette décision des parlementaires n’aura pas de conséquences immédiates. Leur vote négatif sur un budget épuisé n’entravera pas l’action actuelle de Frontex et la mission supplémentaire qu’elle sera appelée à assumer à l’avenir. La Commission européenne a en effet annoncé, mardi, qu’elle serait aussi chargée d’organiser, de superviser et d’accélérer le retour, vers leur pays d’origine, des migrants qui n’ont pas obtenu le droit d’asile en Europe.
Dans leur rapport recommandant à l’Assemblée le report de l’octroi de la décharge budgétaire, les députés concernés ont formulé quelques considérations d’ordre financier, mais ils ont surtout énuméré une série de critiques et de questions posées à la direction de Frontex depuis plusieurs mois. C’est parce qu’ils estiment ne pas avoir reçu toutes les réponses nécessaires – même s’ils ont entendu le directeur exécutif, Fabrice Leggeri, il y a quelques semaines – que les députés ont exprimé un vote sans doute symbolique, mais à forte portée politique.
Action mise en cause en Grèce, en Hongrie et en Croatie
Ils ont exprimé leur « inquiétude » quant aux accusations « graves et répétées » de violations des droits fondamentaux par Frontex et aux informations selon lesquelles l’agence participerait à des « pushbacks », des renvois forcés de migrants. Jeudi 29 avril, un consortium de médias européens apportait de nouveaux éléments en indiquant que les gardes-côtes libyens avaient, en 2020, intercepté près de 12 000 migrants, en se fondant parfois sur des informations livrées par l’agence européenne, dont ce n’est pas le rôle.
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