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Clap de fin pour l’usine Bridgestone de Béthune

Sans violence ni pneu brûlé mais non sans amertume malgré un plan social généreux pour les 863 salariés, l’usine de pneumatiques Bridgestone s’apprête vendredi à fermer définitivement, la mobilisation politique n’ayant pas convaincu le géant japonais de rester à Béthune.

« La dernière équipe quittera le site en fin de journée », selon la direction, alors que l’usine, dont la fermeture avait au départ été annoncée pour le 3 mai, tourne au ralenti depuis des semaines.

« Beaucoup de gens ont pris des congés, ce n’est pas évident de rester six mois dans ce climat », explique Stéphane, un assembleur de 46 ans dont 24 à Bridgestone. « Mais pour la dernière journée, beaucoup veulent venir, c’est une famille Bridgestone, on le ressent comme ca », confie-t-il, parmi une vingtaine de salariés discutant dans la cour, sans que rien autour du site ne signale l’épilogue.

Acquis par le logisticien nordiste Log’s, le site, qui produisait des pneus de petit calibre, doit être transformé en « pôle industriel », mais le nombre d’emplois qui pourraient y être créés reste à préciser.

Stéphane a déja décidé de « prendre un grand virage » , pour devenir « moniteur-éducateur ».

Devant l'usine Bridgestone de Béthune, le 27 novembre 2020 (AFP/Archives - DENIS CHARLET)

Devant l’usine Bridgestone de Béthune, le 27 novembre 2020 (AFP/Archives – DENIS CHARLET)

Pour permettre aux salariés mais aussi aux habitants de faire leurs « adieux » à leur « regrettée entreprise », installée depuis 1961, d’abord sous la marque Firestone puis à partir de 1988 sous celle de Bridgestone, « un moment symbolique et fraternel » est prévu à la mi-journée sur la Grand-Place de la ville de l’ancien bassin minier.

Un livre d’or doit être ouvert à la mairie et la constitution d’une association d’anciens discutée. « La mairie met à notre disposition un local pour continuer à suivre les salariés, avec les cabinets de recrutement », explique le secrétaire du Comité social et économique, Stéphane Lesix (CFDT).

– Branle-bas de combat –

La ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher est ensuite attendue pour évoquer l’avenir industriel du site avec élus et représentants des salariés.

Elle était déjà venue sur place à plusieurs reprises ces derniers mois, engageant d’abord un bras de fer avec Bridgestone pour tenter d’éviter la fermeture puis, devant la fin de non-recevoir du groupe malgré les promesses d’argent public, pour chercher des pistes de revitalisation industrielle.

L’annonce brutale au mois de septembre de sa fermeture par le géant du pneu, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence asiatique à bas coûts, avait suscité un branle-bas de combat politique.

Avec 863 salariés, l’usine constituait l’un des plus gros employeurs du bassin d’emploi, derrière le constructeur automobile PSA et Roquette (ingrédients d’origine végétale). Elle ferme ses portes une décennie après Continental à Clairoix, dans l’Oise, et sept ans après Goodyear à Amiens-Nord, deux pneumaticiens.

– Neuf projets sur les rangs –

Sur France Bleu Nord, la ministre a indiqué dans la matinée que 256 salariés avaient déjà pris une nouvelle direction, CDD de plus de six mois, CDI, départ à la retraite anticipée ou projet de création d’entreprises.

De droite à gauche, Agnès Pannier-Runacher, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand et le maire de Béthune Olivier Gacquerre,  lors d'une réunion consacrée à l'usine Bridgestone au ministère de l'Economie, le 19 octobre 2020  (AFP/Archives - ERIC PIERMONT)

De droite à gauche, Agnès Pannier-Runacher, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand et le maire de Béthune Olivier Gacquerre, lors d’une réunion consacrée à l’usine Bridgestone au ministère de l’Economie, le 19 octobre 2020 (AFP/Archives – ERIC PIERMONT)

Log’s « est prêt à implanter 300 emplois sur le site » mais « nous souhaitons avoir un équilibre entre activités logistiques et industrielles », ces dernières « pouvant créer plus d’emplois et étant plus proches des compétences » des ex-Bridgestone, a-t-elle ajouté.

Alors que neuf projets d’activité sont en cours d’examen pour revitaliser le site, l’objectif, a-t-elle détaillé, est « d’avoir, d’ici la fin de l’été, de premières annonces d’implantations », et « l’ensemble des implantations d’ici la fin de l’année 2022 ».

Le 20 avril, Bridgestone France et la filiale SIG de Log’s avaient annoncé un accord pour l’acquisition « pour un montant symbolique » de l’intégralité du site de Béthune « afin d’y accueillir divers projets et de créer un Pôle Industriel Multi-Technologies ».

Dans l’attente des potentiels repreneurs, direction et représentants des salariés ont fini par s’entendre en février sur un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) offrant « des niveaux d’indemnisation comme on n’en a jamais vus », « à la hauteur du préjudice subi », selon l’avocat de l’intersyndicale, Me Stéphane Ducrocq.

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