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« En incubateur de start-up, la Chine de Xi Jinping ne convainc pas vraiment »

Shenzhen, en Chine, le 22 octobre 2019. Shenzhen, en Chine, le 22 octobre 2019.

Même quand il dort, Xi Jinping en rêve : faire de son pays l’économie la plus innovante qui soit. Le président chinois regarde la baie de Shenzhen avec une infinie tendresse. Elle devrait bientôt supplanter la baie de San Francisco, croit-il. Shenzhen doit devenir le point d’appui de la Silicon Valley chinoise. C’est une affaire stratégique et politique, et c’est bien ainsi que l’entend Joe Biden : un défi lancé aux Etats-Unis.

Reliant Hongkong à une demi-douzaine de villes côtières du sud de la Chine, le projet dit de « la grande baie » formera le pôle de haute technologie le plus puissant du monde – à l’instar de cet écosystème californien, où, entre deux des plus prestigieuses universités des Etats-Unis, Stanford et Berkeley, « la vallée » marie la haute technologie à la haute finance. Jusqu’à présent, les Etats-Unis n’ont jamais cédé à quiconque le monopole qui est le leur : toujours un pas en avance dans la maîtrise de l’économie du futur.

Grand sachem de l’économie au Financial Times, Martin Wolf écrit cette semaine : « Depuis un siècle et demi, les Etats-Unis disposent de l’économie la plus innovante du monde, ce qui fonde leur puissance. » « Quel est aujourd’hui l’état de leur capacité à l’innovation ? Réponse : plutôt bon, en dépit de la concurrence de la Chine », dit Wolf.

Pour Xi Jinping, ce qui se joue est stratégique. La prépondérance mondiale est moins affaire de missiles que de domination technologique. Mais le pari est aussi politique. Pékin a déjà prouvé que l’autocratie fait bon ménage avec le capitalisme aux caractéristiques chinoises, dont on sait la réussite. « Aucun pays n’a jamais créé autant de richesses en si peu de temps », observe Jean-Pierre Landau, qui enseigne l’économie à Science Po.

Complexe de supériorité naissant

On a beau marteler que cette performance historique a des coûts très élevés, humains et environnementaux, on ne peut s’empêcher d’y voir un accroc à l’école du vrai libéralisme, celui qui allie, comme associées par une intrinsèque nécessité, libertés politiques et libertés économiques et dont Mario Vargas Llosa parle si bien dans son dernier livre, L’Appel de la tribu (Gallimard, 336 pages, 22 euros). Mais cette fois, la frontière à franchir est celle de l’innovation. L’obligation est celle de la créativité. Et la question posée, celle de l’environnement politique. Une économie de l’innovation peut-elle s’épanouir dans le carcan d’un système de gouvernement qui ne tolère aucune dissidence, écrase la marginalité et requiert l’alignement de tous, individus et entreprises, sur la ligne du Parti communiste chinois (PCC) ?

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