Cesare Battisti n’a jamais été un personnage central dans la grande et complexe histoire de ce que l’on a appelé en France les « années de plomb » italiennes. Mais par son retentissement, l’affaire qui s’est déclenchée autour de sa personne à partir de 2004, lorsque l’Italie a réclamé son extradition à la France, a eu des conséquences très profondes sur la perception de la période, au point de brouiller la compréhension de la situation des anciens membres de groupes armés d’extrême gauche italiens nés après 1968 en Italie.
Ancien militant des Prolétaires armés pour le communisme (PAC), Cesare Battisti a été arrêté en 1979, et condamné à treize années de prison en 1981. Puis il s’est évadé en 1982 et a quitté le pays, tandis qu’à la suite des déclarations d’un repenti il était condamné à la perpétuité par contumace, pour sa participation à quatre homicides en 1978-1979.
Lorsque la « doctrine Mitterrand » a commencé à émerger, en 1985, dans le but d’apaiser les esprits tant en France qu’en Italie et avec l’assentiment du gouvernement italien de l’époque, Cesare Battisti ne répondait à aucun des critères qui avaient été définis. D’abord par le fait qu’il était poursuivi pour des crimes de sang, mais aussi, tout simplement, parce qu’il ne se trouvait pas en France (il ne s’y est installé qu’en 1990). Or personne, ni à Paris ni à Rome, ne souhaitait que la France devienne un lieu de rassemblement pour les militants d’extrême gauche en fuite.
Procès pour indulgence envers les terroristes
Ensuite, dans les romans policiers qu’il a écrits et dans ses prises de position publiques, Battisti ne respecte pas l’engagement au silence qui était au cœur de l’arrangement conclu entre Paris et Rome en 1985. Dans l’esprit de François Mitterrand et de Bettino Craxi – président du conseil italien de l’époque –, il s’agissait, en laissant tranquilles les anciens « brigadistes », de ne plus entendre parler d’eux, et sur cela force est de constater que les réfugiés italiens de Paris ont tenu parole.
Enfin, en proclamant son innocence, en 2004 (sous-entendant ainsi que d’autres devraient être inquiétés plutôt que lui), l’ancien membre des PAC a également enfreint une autre règle implicite de l’accord de 1985 : il s’agissait de cesser les mises en cause de la justice italienne – quand bien même beaucoup de décisions judiciaires de l’époque étaient hautement critiquables –, pour mettre un terme à un certain nombre d’attaques venues de la gauche française, et particulièrement mal perçues en Italie.
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