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Le Kazakhstan, surprenant membre du club des pays producteurs de vaccins anti-Covid

Publié le : 28/04/2021 – 18:23

Le Kazakhstan a débuté lundi sa campagne de vaccination avec son propre vaccin anti-Covid, le QazVac, actuellement en phase 3 d’essais cliniques. C’est l’Institut d’État de recherche pour les problèmes de sécurité biologique, spécialisé dans la recherche sur les armes biologiques durant la Guerre froide, qui a développé le sérum.

Le Kazakhstan a lancé lundi 26 avril sa campagne de vaccination contre le Covid-19 avec le sérum qu’a développé ce pays d’Asie centrale, baptisé QazVac.

Selon la télévision publique, 50 000 doses de ce vaccin en deux doses développé par l’Institut d’État de recherche pour les problèmes de sécurité biologique (RIBSP, selon son acronyme anglais) ont été distribuées à travers le Kazakhstan, principale économie d’Asie centrale. Le ministre de la Santé, Alexeï Tsoï, s’est fait injecter à cette occasion la première dose du vaccin en direct à la télévision et a affirmé se sentir « bien ».

Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a salué de son côté la percée scientifique de son pays, qui devient l’un des quelques pays au monde à avoir développé son propre vaccin contre le Covid-19, après avoir homologué une production nationale du vaccin russe Spoutnik V. Ce pays d’Asie centrale était le premier pays étranger à produire sur son sol le vaccin russe.

>> À voir : Covid-19 : Cuba lance la vaccination de ses soignants avec son propre sérum

De quel type de vaccin s’agit-il ?

Le QazVac n’est ni un vaccin à adénovirus, c’est-à-dire qui emploie un virus non pathogène pour provoquer une réponse immunitaire (comme l’AstraZeneca et le Johnson & Johnson), ni un vaccin à ARN messager (comme le BioNTech/Pfizer et le Moderna). Il utilise le virus Sars-CoV-2 lui-même mais sous une forme inactivée (comme le CoronaVac de la Chine et le Covaxin de l’Inde).

Il nécessite l’injection de deux doses, à administrer à trois semaines d’intervalle, et se conserve à une température allant de 2 à 4 °C. Le RIBSP a revendiqué une efficacité de 96 % lors de la deuxième phase des essais cliniques.

Selon l’institut, cité par Le Monde, « l’utilisation d’un virus entier tué permettrait de s’adapter de manière beaucoup plus flexible que d’autres vaccins à l’apparition de variants. »

Est-il vraiment prêt ?

C’est l’une des principales critiques qui lui sont adressées : la phase finale du QazVac est toujours en cours et les conclusions ne sont attendues que pour juillet 2021, souligne le magazine Fortune. « Les autorités sanitaires kazakhes ont décidé qu’il était possible de commencer le déploiement à partir du moment où la phase III des essais, à laquelle ont participé 3 000 personnes, était au moins à moitié terminée », note le magazine économique.

À titre de comparaison, en novembre 2020, le laboratoire américain Pfizer avait annoncé que les essais de phase 3 de son vaccin anti-Covid, codéveloppé avec les Allemands de BioNTech, étaient effectués sur 43 000 patients.

Qu’est-ce que le RIBSP, l’institut qui a développé le QazVac ?

Si l’Institut d’État de recherche pour les problèmes de sécurité biologique a réussi la prouesse de développer son propre vaccin, c’est en partie grâce à l’histoire de cette institution créée en 1958, en pleine Guerre froide, explique une enquête de la version kazakhe de Forbes, citée par Le Monde.

L’objectif était alors de protéger l’URSS contre les maladies infectieuses qui auraient pu contaminer les zones agricoles et le bétail, selon le site web du RIBSP. « En fait, l’Institut de recherche agricole de Dzhambul (DNISKHI), comme on l’appelait alors, a été créé pour développer des armes biologiques dans le cadre du concept de guerre biologique offensive », affirme Forbes. À la suite de l’épidémie de peste qui a frappé le pays en 1963, « l’institut a commencé à aborder la ligne ‘défensive’, c’est-à-dire à développer des moyens de protection contre les armes biologiques », souligne le site d’information américain.

Malgré de drastiques baisses de budgets au début des années 1990, l’institut, situé dans le sud du pays, est parvenu à poursuivre ses activités et à conserver des chercheurs de très haut niveau. « Dès le début, en décembre 2019, nous nous sommes rendu compte que l’affaire [du Covid-19] était grave, car avant cela, nous surveillions d’autres coronavirus de chauves-souris », a déclaré Konsoulou Zakaria, la directrice de l’institut, interrogée par Forbes.

Le QazVac est le sixième vaccin humain développé par l’institut. Mais il n’a encore donné lieu à aucune publication scientifique. Konsoulou Zakaria pense qu’une publication serait possible d’ici le mois de septembre, lorsque la troisième phase d’essais cliniques sera terminée.

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