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Nomura, UBS: le scandale Archegos continue à agiter la finance mondiale

Pertes plus lourdes que prévu pour le japonais Nomura, et impact surprise chez le suisse UBS: la retentissante déroute du fonds d’investissement new-yorkais Archegos fin mars continue de faire des vagues dans la finance mondiale.

Le groupe financier japonais Nomura a annoncé mardi avoir enregistré une perte exceptionnelle de 2,3 milliards de dollars (environ 1,9 milliard d’euros) dans ses comptes sur son dernier trimestre 2020/21, clos le 31 mars, selon un communiqué.

Nomura, qui ne nomme jamais Archegos, parlant à la place d’un « client américain », avait estimé fin mars cet impact à 2 milliards de dollars.

Autre mauvaise surprise, le groupe a dit mardi s’attendre à un impact additionnel d’environ 570 millions de dollars (472 millions d’euros) sur son exercice 2021/22.

Mais il assure avoir désormais liquidé 97% de ses positions liées à son « client américain ». Du fait de ces déboires, Nomura a subi une perte nette de 155,4 milliards de yens (1,2 milliard d’euros) sur le dernier trimestre de son exercice écoulé (de janvier à fin mars).

Il est resté dans le vert sur l’ensemble de l’exercice, avec un bénéfice net de 153,1 milliards de yens (1,17 milliard d’euros), mais ce résultat revient à une chute de 29,4% sur un an.

– « Concentration des risques » –

Dans les rues de Tokyo, le 11 septembre 2009 (AFP/Archives - )

Dans les rues de Tokyo, le 11 septembre 2009 (AFP/Archives – )

Nomura a assuré qu’il prenait cette affaire « très au sérieux ». « Nous restons déterminés à renforcer notre direction et à améliorer notre système de gestion des risques », a ajouté son directeur général Kentaro Okuda.

Le groupe a annoncé lundi la nomination d’un co-directeur général pour renforcer la direction de sa filiale chapeautant ses activités aux Etats-Unis, Nomura Holding America: Christopher Willcox, un banquier chevronné passé par JP Morgan Asset Management et Citigroup auparavant.

Par ailleurs, selon des sources interrogées par le Financial Times, Nomura aurait suspendu indéfiniment le responsable de son unité de courtage qui traitait avec Archegos.

Le groupe japonais est l’une des grandes victimes connues à ce jour de la débâcle fin mars de ce fonds d’investissement new-yorkais gérant la fortune de son fondateur, le milliardaire sud-coréen Bill Hwang.

L’importance des pertes chez Nomura montrent « la magnitude de la concentration des risques » au sein de cette entreprise, a taclé mardi dans une note l’analyste Shunsaku Sato de l’agence de notation financière Moody’s.

M. Sato a toutefois jugé « solide » la situation financière de Nomura.

– Après Credit Suisse, UBS –

Archegos avait pris indirectement des positions extrêmement risquées via des intermédiaires dont Nomura mais aussi Credit Suisse, Goldman Sachs ou encore Morgan Stanley.

Une agence de la banque Credit Suisse, à Lausanne le 6 avril 2021 (AFP/Archives - FABRICE COFFRINI)

Une agence de la banque Credit Suisse, à Lausanne le 6 avril 2021 (AFP/Archives – FABRICE COFFRINI)

Credit Suisse a annoncé la semaine dernière une charge de 4,4 milliards de francs suisses (4 milliards d’euros) dans ses comptes pour couvrir les dégâts liés à l’implosion d’Archegos, qui ont fait tomber son résultat net dans le rouge au premier trimestre 2021.

L’autre grande banque d’affaires helvétique, UBS, a annoncé mardi une perte de 774 millions de dollars (642 millions d’euros) liée à Archegos.

Cette perte est « plus importante que prévu », a souligné l’analyste de Vontobel Andreas Venditti.

UBS a précisé avoir terminé en avril de liquider ses positions associées à Archegos, ce qui devrait entraîner quelques pertes supplémentaires mais minimes sur son deuxième trimestre.

L’action UBS chutait de 2,9% à la Bourse de Zurich vers 09H45 GMT. Nomura a fini mardi en hausse de plus de 2% à Tokyo, mais avait publié ses résultats après la clôture.

Le logo de la banque suisse UBS le 26 octobre 2018 à Zürich (AFP/Archives - Fabrice COFFRINI)

Le logo de la banque suisse UBS le 26 octobre 2018 à Zürich (AFP/Archives – Fabrice COFFRINI)

Via des produits dérivés, Archegos avait fait acheter par ses intermédiaires des actions en Bourse à sa place. Le rendement net de la détention de ces titres revenait au fonds, tandis que ses courtiers touchaient une prime déterminée à l’avance.

Mais comme Archegos avait multiplié secrètement de tels accords, ses courtiers ignoraient l’exposition totale du fonds.

Fin mars, quand la valeur d’actions auxquelles Archegos était exposé a fortement baissé, ses différents intermédiaires lui ont demandé d’éponger les pertes via des appels de marge. Mais le fonds en était incapable, déclenchant des ventes en catastrophe par ses courtiers pour tenter de limiter leurs pertes.

Outre Nomura, deux autres institutions financières japonaises sont touchées par cette affaire, mais à une échelle beaucoup plus réduite.

La banque Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFJ) a annoncé fin mars une charge de 270 millions de dollars (224 millions d’euros) et sa rivale Mizuho pourrait avoir subi une perte de 90 millions de dollars (77 millions d’euros) selon la presse japonaise.

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