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Hiver diplomatique entre Prague et Moscou

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Les diplomates russes vont se sentir bien seuls dans le gigantesque complexe construit autour d’une villa des années 1920 qui leur sert d’ambassade à Prague. D’ici à fin mai, ne devraient rester que sept diplomates, 25 employés techniques et administratifs ainsi que 19 personnels locaux dans l’ensemble qui surplombe la capitale tchèque.

Jusqu’à peu, cette représentation diplomatique était tellement fournie en personnel que certains soupçonnaient même qu’elle abrite une base d’espionnage… Mais depuis que le premier ministre tchèque, Andrej Babis, a révélé, samedi 17 avril, qu’il avait « des preuves irréfutables » que deux espions russes se cachaient derrière l’explosion d’un dépôt d’armes survenu en 2014 à Vrbetice, dans l’est du pays, c’est un véritable hiver diplomatique qui s’est abattu sur les relations entre les deux Etats.

La République tchèque a d’abord expulsé 18 diplomates, puis la Russie a répondu en sanctionnant 20 diplomates tchèques forcés de quitter Moscou sur-le-champ, au point que l’ambassadeur a dû se priver de son bras droit. En dénonçant une « réaction disproportionnée » qui empêche ses services de travailler correctement, le gouvernement tchèque a à nouveau répliqué en annonçant qu’il allait aligner la taille de la représentation russe sur la sienne en Russie, ce qui implique le départ de 63 Russes.

Océan de critiques

Jamais depuis 1989 les relations entre Prague et Moscou n’ont atteint un stade aussi critique. « Nous ne devons pas être intimidés par la Russie », a martelé M. Babis, lundi 26 avril, alors que son pays de 10,7 millions d’habitants est encore sidéré par les révélations des services de renseignement. Dans un rapport non rendu public, ceux-ci ont nommément mis en cause deux membres du GRU (les renseignements militaires) présents en Tchéquie au moment de l’explosion des 50 tonnes de munitions, qui auraient été destinées à l’Ukraine. Deux employés tchèques sont morts dans cette opération.

Ce refroidissement est d’autant plus remarquable que la République tchèque fut longtemps considérée comme un partenaire plutôt fiable vu de Moscou. Dimanche 25 avril, après une longue semaine de silence, le président Milos Zeman, notoirement prorusse, a ainsi exprimé ses doutes et affirmé qu’il y avait « deux versions » pouvant expliquer l’explosion. Mais son message a été accueilli par un océan de critiques de la presque totalité du spectre politique, déjà devenu de plus en plus sceptique vis-à-vis de Moscou ces derniers mois, au fil de différentes polémiques mémorielles.

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