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Albert Pahimi Padacké, dernier premier ministre d’Idriss Déby Itno, a été nommé chef du gouvernement de transition, lundi 26 avril, par le nouvel homme fort du Tchad, Mahamat Idriss Déby. Ce dernier, qui préside le Conseil militaire de transition (CMT), a également fait d’Idriss Youssouf Boy – un membre du cercle familial proche – son secrétaire particulier. Le poste de secrétaire particulier du président était jusqu’ici occupé par Hinda Déby, l’épouse d’Idriss Déby.
Vendredi, lors des funérailles du chef de l’Etat, mort au combat contre des rebelles, la France et les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, outre le Tchad), qui combattent ensemble les djihadistes dans cette région de l’Afrique, avaient appelé à un « processus de transition civilo-militaire ». Les principaux partis d’opposition, ainsi que les syndicats et la société civile, ont dénoncé la prise de pouvoir du fils d’Idriss Déby à la tête d’une junte militaire, un « coup d’Etat institutionnel » selon eux, et appelé à une « transition dirigée par les civils ».
Mahamat Idriss Déby est à la tête du CMT, composé de quinze généraux parmi les plus fidèles de son père. Il a promis des « élections libres et démocratiques » dans un an et demi. Général de corps d’armée âgé de 37 ans, il est également « le chef suprême des armées » et préside, outre le CMT, « le conseil des ministres » et « les conseils et comités supérieurs de défense nationale », selon la charte de transition.
« On lui souhaite beaucoup de réussite »
Albert Pahimi Padacké a occupé les fonctions de premier ministre de 2016 à 2018, date à laquelle M. Déby a fait supprimer ce poste pour concentrer dans ses mains tout le pouvoir exécutif. Selon la charte de transition, il sera à la tête d’un gouvernement de transition dont les membres seront nommés et révoqués par Mahamat Idriss Déby.
M. Pahimi Padacké était arrivé deuxième à la présidentielle du 11 avril, avec 10,32 % des voix, loin derrière le défunt président, réélu au premier tour pour un sixième mandat avec 79,32 % des suffrages. Durant la campagne présidentielle, il s’était présenté comme « indépendant » du pouvoir et de l’opposition, qui appelait au départ d’Idriss Déby. « Idriss Déby a montré son courage sur tous les fronts, j’en suis témoin. Un seul courage lui manque, celui d’accepter une passation pacifique du pouvoir », avait-il déclaré.
« Nous sommes dans une situation politique particulière, on va accompagner M. Pahimi Padacké. On lui souhaite beaucoup de réussite pour le Tchad. Il faut que tous les Tchadiens se rassemblent dans cette période difficile », a déclaré à l’AFP Saleh Kebzabo, opposant historique à Idriss Déby.
« Il aurait d’abord fallu passer par un président civil et ensuite nommer un premier ministre civil », a de son côté estimé Succès Masra, le président du mouvement d’opposition Les Transformateurs. Sa formation politique, via le collectif Wakit Tamma, composé de partis d’opposition et d’associations de la société civile, a appelé lundi les Tchadiens à « sortir massivement » mardi « pour exiger la démission du CMT et dénoncer l’ingérence négative de la France dans les affaires intérieures du Tchad ».
« L’heure n’est pas à la négociation »
Paris, qui considère le Tchad comme un allié essentiel contre les djihadistes au Sahel, a sauvé militairement à deux reprises au moins, en 2008 et en 2019, le régime d’Idriss Déby face à des rebelles. Le président français, Emmanuel Macron, était le seul chef d’Etat occidental présent vendredi aux obsèques du président défunt.
La nomination d’un premier ministre intervient au lendemain du refus exprimé par les militaires au pouvoir de négocier avec les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui s’étaient dits samedi ouverts à un cessez-le-feu. C’est lors de combats opposant l’armée au FACT – qui a lancé le 11 avril une offensive contre N’Djamena – que le président Déby, monté au front, a trouvé la mort.
« L’heure n’est ni à la médiation ni à la négociation avec des hors-la-loi », a déclaré dimanche à la télévision d’Etat le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole du CMT, qui a appelé le Niger voisin à « capturer » le chef du FACT, Mahamat Mahadi Ali. L’armée tchadienne a accusé dimanche des rebelles du FACT, et notamment leur chef, d’avoir fui sur le territoire nigérien, ce que le leader du FACT dément. « S’ils veulent faire la guerre, on fera la guerre. Si on nous attaque, on va répliquer », a affirmé M. Mahadi Ali dimanche soir à l’AFP, réagissant au refus de négocier de la junte militaire.
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