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Il est d’autres terrains que les stades de football ou les salles de basket où se jouent les rivalités sportives mondiales. Dans les salons feutrés de Lausanne, de Zurich ou de Bâle, sièges de la plupart des fédérations olympiques, se fait et se défait la géopolitique du sport. Et la Chine y prend pleinement sa part.
Active dans l’accueil de grands événements sportifs, comme l’a montré l’organisation des Jeux olympiques d’été en 2008 puis de ceux d’hiver à Pékin en février 2022 – une première dans l’histoire pour une même ville –, engagée dans le football à travers notamment la construction de nombreuses infrastructures sportives en Afrique – sa « diplomatie des stades » –, la Chine œuvre également en coulisses pour investir les directions des fédérations internationales.
Parmi la quarantaine de « fédés » olympiques (hiver comme été), une seule – celle de la voile – est présidée, depuis novembre 2020, par un Chinois. C’est peu, au regard de celles présidées par des Européens (26) ou même des Russes (3), mais autant que les Etats-Unis qui ne dirigent plus que l’ITF, organe qui régit le tennis mondial.
« Pour occuper les présidences des fédérations internationales, il faut souvent avoir occupé des vice-présidences ou avoir été membre dans des comités exécutifs, c’est souvent là où le pouvoir est le plus important », observe Jean-Loup Chappelet, professeur émérite à l’université de Lausanne.
L’important, pour faire entendre sa voix et servir ses intérêts, est donc de mettre un pied au sein de ces fédérations. Les Chinois l’ont bien compris, ils sont aujourd’hui titulaires de cinq vice-présidences : « Ils tissent leurs réseaux beaucoup plus discrètement que les Américains, qui ne sont intéressés que par les postes de direction », glisse un fin connaisseur des instances représentatives du sport.
« La Chine fait un pari »
Jusque dans les années 1950, le sport n’avait pourtant pas, aux yeux des Chinois, de valeur politique ; il n’était pratiqué que dans un objectif ludique ou militaire. Avec la guerre froide, le pays a pris conscience que « les Jeux olympiques, ce n’est pas que du sport », relève Carole Gomez, directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Après la mise en œuvre, dans les années 1970-1980, de la doctrine du « Juguo Tizhi » (« soutien populaire à une élite sportive »), « il ne s’agit plus seulement de participer mais d’exceller dans les compétitions internationales et de rendre fier tout un pays », poursuit la spécialiste en géopolitique du sport.
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