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« Je veux absolument travailler, je veux un projet » : dans la banlieue de Buenos Aires, la pauvreté touche la moitié de la population

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Un homme dont le travail consiste á récupérer des objets et autres déchets passe devant le local de la soupe populaire dans le quartier Libertador, le 16 avril. Un homme dont le travail consiste á récupérer des objets et autres déchets passe devant le local de la soupe populaire dans le quartier Libertador, le 16 avril.

Logée sur un diable, la profonde besace accueille une bouteille en plastique supplémentaire jetée par Jorge Olea, 42 ans, qui fouille les poubelles d’un quartier pauvre de General San Martin, à une douzaine de kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires. « Je suis debout depuis 6 heures », souffle ce père de famille sous le soleil méridien encore tapant de l’automne austral. « Je récolte des déchets à recycler pour les revendre. Avec ce gros sac plein, on me donne 100 pesos [90 centimes d’euros]. J’en suis arrivé à faire les poubelles », lâche-t-il, le regard cinglant, encore sonné par cette besogne improvisée qu’il a décidé de démarrer il y a une semaine, alors que le chantier de construction où il était employé de façon non déclarée a pris fin.

« Je veux absolument travailler, je veux un projet », insiste cet homme, dont les vêtements recouverts de peinture sèche trahissent encore l’emploi perdu. Il a rejoint les 42 % de personnes vivant désormais dans la pauvreté en Argentine, selon le dernier rapport semestriel de l’Indec (Institut national des statistiques et du recensement) paru en mars 2021, soit un bond de 6,5 points pour la période allant de juin à décembre 2020, comparée à la même période de l’année précédente.

Près de six Argentins sur dix de moins de 14 ans ne voient pas tous leurs besoins de base couverts

Cette photographie statistique masque une réalité hétérogène : dans la banlieue de Buenos Aires, 51 % des plus de 12 millions d’habitants (pour une population totale de 45 millions), vivent dans l’indigence. Partout, les enfants sont surreprésentés. Près de six Argentins sur dix de moins de 14 ans ne voient pas tous leurs besoins de base couverts, d’après l’Indec, qui estime qu’une famille de quatre personnes avait besoin de 50 854 pesos mensuels pour vivre le semestre dernier (458 euros au taux de change actuel).

Surtout, « la situation des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté a empiré, en raison de l’écart grandissant entre leurs revenus et le niveau de vie nécessaire par ménage », précise l’institut. L’inflation, mal endémique argentin et machine à pauvreté, continue d’asphyxier les foyers, avec une hausse des prix de 36,1 % en 2020. Déjà accablée par deux années de récession, la population essuie maintenant les conséquences d’une contraction brutale de 9,9 % de l’économie en 2020, sous l’impact de la pandémie de Covid-19.

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