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Tribune. Les grands défis existentiels que doit affronter aujourd’hui la Grèce sont les menaces extérieures sur sa sécurité, la situation désastreuse de son économie, et la crise migratoire. Bien que l’on ne sache pas encore lequel de ces trois problèmes épineux risque de mener le pays au désastre, nous continuons à les regarder de manière statique et servile.
Concentrons-nous ici sur l’économie, qui est « au bord la falaise ». Il est urgent de prendre des mesures qui vont au-delà de l’immobilisme et d’un optimisme sans fondement. La dette publique de la Grèce a atteint 210 % de son produit intérieur brut (PIB). Alors même qu’elle ne représentait que 120 % du PIB, au début de la crise, elle était jugée insoutenable, et l’Union européenne (UE) avait demandé l’aide du Fonds monétaire international (FMI) pour faire face au problème.
A 210 %, comment les partenaires de la Grèce vont-ils l’évaluer ? Evidemment comme un signe manifeste de faillite, qui justifie absolument un quatrième mémorandum (la Grèce a connu trois plans de sauvetage sous conditions entre 2010 et 2015), disons jusqu’à l’an 3000 !… D’autant que cette dette de 2020 n’inclut pas encore les résultats de 2021 ni les effets néfastes de la pandémie, qui la propulseront certainement vers des sommets encore plus incontrôlables.
Colonie économique européenne
La Grèce s’enferme ainsi dans son statut de colonie économique européenne, pour une durée indéterminée. Les annonces gouvernementales d’aide sociale aux faibles, de mesures de soutien aux petites et moyennes entreprises, l’attente optimiste des 32 milliards d’euros du fonds de relance européen, sont pratiquement effacées par le poids insupportable d’une dette incontrôlée.
Ainsi, la Grèce devrait se satisfaire des miettes du fonds de relance, qui seront distribuées pour la plupart sous forme d’importations de voitures électriques et d’autres produits de nouvelles technologies en provenance du nord de l’Europe. Il est vrai que, par le passé, elle n’a pas eu le courage d’empêcher la destruction de son secteur agricole par la politique agricole commune, et de son industrie en croissance par une mondialisation incontrôlée. Elle a signé pendant dix années consécutives des mémorandums présentés comme « notre salut », en dépit de la chute de 25 % de son PIB.
Dans ses mémoires, l’ancien président américain Barack Obama observe pourtant qu’« ils [ses homologues européens] mentionnaient rarement le fait que les banques allemandes et françaises étaient parmi les plus importants créditeurs de la Grèce ou que la plus grande partie de la dette grecque a été accumulée à cause des exportations des produits allemands et français vers la Grèce – des faits qu’ils auraient pu expliquer à leurs électeurs comme la raison pour laquelle ils voulaient sauver les Grecs. Ils craignaient peut-être que cela dresse leurs électeurs contre eux du fait qu’ils étaient responsables de surveiller les banques » (A Promised Land, éditions Crown, 2020).
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L’article Maria Negreponti-Delivanis : « La Grèce doit crier à la face du monde qu’elle a le droit d’annuler immédiatement sa dette » est apparu en premier sur zimo news.