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Vice-ministre polonais des affaires étrangères, Marcin Przydacz analyse les récentes démonstrations de force de Moscou en Europe orientale. Pour lui, l’Union européenne (UE) doit repenser sa stratégie.
Comment expliquez-vous la pression récemment exercée par la Russie sur l’Ukraine, avec ses manœuvres militaires massives à la frontière ?
Il y a plusieurs raisons : la situation intérieure russe, avec une économie et un niveau de vie qui se dégradent, le cas Navalny, et les protestations d’une partie de la jeunesse qui demande du changement. M. Poutine veut gagner les élections [législatives] à l’automne et montre qu’il soutient les Russes dans le Donbass et en Crimée, afin de détourner l’attention des gens de leurs problèmes économiques.
Ensuite, l’évolution en Ukraine ne plaît pas à Moscou. Le rythme des réformes dans le pays peut nous paraître lent, mais pour le Kremlin, c’est déjà trop, de même que l’offensive de Kiev contre les auteurs des campagnes de désinformation.
Troisième raison, la nouvelle administration à Washington, avec laquelle M. Poutine veut se mesurer. Il applique sa tactique du fait accompli : on peut discuter, mais mes troupes sont déjà à la frontière. Il veut bloquer toute aspiration de l’Ukraine à se rapprocher de l’UE ou de l’OTAN. L’annonce par le ministre russe de la défense de la fin des manœuvres montre que la pression internationale est partiellement efficace. Mais l’abandonner serait l’aveu que nous renonçons à nos autres demandes de désescalade.
Faut-il renoncer au « format Normandie », qui réunit la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine ?
Pas y renoncer, mais relancer la dynamique et trouver un autre moyen de résoudre ce conflit. Le format Normandie, malheureusement, n’a apporté aucune solution durable. L’Union et les grands pays européens devraient faire pression plus activement sur la Russie. Depuis le début, nous disons que les pays de notre région doivent être associés à la recherche d’une solution. Bien sûr, l’Allemagne et la France sont les deux plus grands pays de l’UE, mais nous apportons une autre perspective, avec notre histoire et notre géographie.
Il est grand temps pour la communauté occidentale de se poser cette question : que devons-nous faire pour résoudre ce conflit ? Et aussi, vraiment, de réfléchir à l’avenir de nos relations avec la Russie. Il faut regarder à plus long terme. Le Kremlin voit loin, il n’a pas à se soucier du calendrier électoral. Tandis que nous, pays démocratiques, nous avons des changements fréquents. On avait le président Hollande, maintenant on a le président Macron, qui a une position différente… Chaque nouveau leader démocratique veut avoir son succès et les Russes en jouent. Nous devrions reconnaître que la Russie est un pays agressif et renoncer aux coopérations comme le gazoduc Nord Stream 2.
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