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Irak : un incendie dans une unité de soins pour malades du Covid-19 fait au moins vingt-trois morts

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Un drame s’ajoute au drame : un incendie a tué au moins vingt-trois personnes dans la nuit de samedi 24 à dimanche 25 avril, dans une unité de soins intensifs pour malades du Covid-19 en Irak, le pays arabe ayant enregistré le plus de contaminations, et en pénurie médicale depuis des décennies.

Ce sont des bouteilles d’oxygène « stockées sans respect des conditions de sécurité » qui sont à l’origine du sinistre, ont expliqué des sources médicales à l’Agence France-Presse (AFP). Une épreuve de plus pour le pays de quarante millions d’habitants dont le système de santé ne s’est jamais relevé de quatre décennies de guerres à répétition.

Au beau milieu de la nuit, alors que des dizaines de proches étaient au chevet de « trente patients dans cette unité de soins intensifs » de l’hôpital Ibn al-Khatib, réservée aux cas les plus graves à Bagdad, des flammes ont gagné les étages, a rapporté une source médicale.

« L’hôpital n’avait pas de système de protection contre les incendies et les faux plafonds ont permis la propagation du feu jusqu’à des produits hautement inflammables », indique de son côté la défense civile. « La plupart des victimes sont mortes parce qu’elles ont été déplacées et privées de ventilateurs, tandis que d’autres ont été étouffées par la fumée », poursuit-elle.

Des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux montraient des pompiers tentant d’éteindre l’incendie au milieu d’une cohue de malades et de proches tentant de s’échapper du bâtiment, situé dans la périphérie sud-est de Bagdad.

Négligence

Des sources médicales et de sécurité ont indiqué à l’AFP que vingt-trois personnes avaient trouvé la mort, tandis qu’une cinquantaine d’autres étaient blessées. La défense civile a de son côté affirmé à l’agence officielle irakienne avoir pu « sauver 90 personnes sur 120 malades et proches » qui se trouvaient sur les lieux, tout en se refusant à communiquer un bilan exact des morts et des blessés.

Cet incendie, dû selon différentes sources à la négligence, souvent liée à la corruption endémique en Irak, a aussitôt provoqué un intense débat dans le pays. C’est un « crime », a dénoncé la Commission gouvernementale des droits humains. « Contre des patients harassés par le Covid-19 qui ont remis leur vie entre les mains du ministère de la santé et qui au lieu d’être guéris ont péri dans les flammes ».

Dans son communiqué, la Commission réclame au premier ministre Moustafa al-Kazimi de limoger le ministre de la santé Hassan al-Tamimi et « de le présenter à la justice ». Le gouverneur de Bagdad, Mohammed Jaber, a, lui, réclamé « au ministère de la santé une commission d’enquête pour que ceux qui n’ont pas fait leur travail soient amenés devant la justice ».

« Enquête immédiate »

M. Kazimi a répondu en annonçant « une enquête immédiate avec les personnes en charge au ministère ». Il a réclamé de « mettre à la disposition des enquêteurs le directeur de l’hôpital, le chef de la sécurité et l’équipe chargée de l’entretien technique sans les relâcher jusqu’à ce que ceux qui ont fauté soient jugés ».

Les cas de Covid-19 ont dépassé mercredi le million en Irak, en pénurie de médicaments, de médecins et d’hôpitaux depuis des décennies mais qui, probablement en raison de sa population, l’une des plus jeunes au monde, enregistre un nombre de décès dus au Covid-19 relativement bas. Au total, selon le ministère de la santé, plus d’un million d’Irakiens ont été contaminés depuis l’apparition en février 2020 du nouveau coronavirus dans le pays, dont plus de 15 000 sont morts.

En manque d’équipement médical pour recevoir des malades – qui généralement préfèrent installer une bouteille d’oxygène chez eux plutôt que de se rendre dans des hôpitaux délabrés – l’Irak a malgré tout lancé sa campagne de vaccination. Il a reçu en tout près de 650 000 doses de différents vaccins, la quasi-totalité sous forme de don ou via le programme international Covax visant à garantir un accès équitable aux vaccins. Près de 300 000 personnes ont déjà reçu au moins une première dose, selon le ministère de la santé qui ne cesse de faire campagne pour convaincre une population très sceptique à l’égard du vaccin et qui boude les masques depuis le début de l’épidémie.

Le Monde avec AFP

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