France World

Anatomie d’un naufrage qui a fait 130 morts en Méditerranée

https://img.lemde.fr/2021/04/23/530/0/5196/2598/1440/720/60/0/eec6391_ed5ec2fb175b45948c1ea7c7a6b6f07c-ed5ec2fb175b45948c1ea7c7a6b6f07c-0.jpg

Les débris d’une embarcation qui a fait naufrage au large des côtes libyennes, dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 avril, au moins 130 migrant sont morts. Les débris d’une embarcation qui a fait naufrage au large des côtes libyennes, dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 avril, au moins 130 migrant sont morts.

Face à eux, il y avait l’Europe et les promesses d’une autre vie. Ils n’en verront jamais les rives. Au moins 130 clandestins sont morts au sud du canal de Sicile dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 avril, dans le naufrage de leur embarcation au large des côtes libyennes. Selon l’ONG Alarm Phone, ces migrants auraient pu être sauvés. Dans un rapport détaillant heure par heure le déroulé du drame, l’ONG impute ce naufrage au rejet de responsabilité côté européen et à l’« incompétence » des « gardes-côtes » libyens.

Selon le récit d’Alarm Phone, une hot-line qui recueille les appels de migrants en détresse, ses volontaires ont été contactés le matin du 21 avril par un pêcheur libyen qui se trouvait au large de Khoms, dans l’ouest du pays. Un bateau de migrants, qui aurait pris la mer vers 22 heures la veille, se trouvait alors en détresse au large. Une première alerte est envoyée par e-mail à 9 h 51 aux centres de coordination et de sauvetage des pays alentours : Italie, Libye et Malte.

L’ONG a réussi à joindre le téléphone satellite embarqué sur le bateau à partir de 10 h 03. Le contact est difficile. Il y a du vent en fond. La voix qui s’exprime est hachée, et les appels systématiquement coupés. « On ne distinguait presque que leurs appels à l’aide, nous devions reconstituer le puzzle », se souvient Pierre (le prénom a été modifié), un volontaire basé à Berlin, qui souhaite rester anonyme. Tôt dans la matinée, les coordonnées GPS du bateau ont été transmises aux autorités maltaises, libyennes et italiennes, dans l’espoir qu’ils dépêchent un navire de la marine marchande sur la zone.

« On sent quand les choses vont basculer »

L’embarcation est à environ 200 km des côtes libyennes d’après les données GPS que Le Monde a pu consulter, « un secteur vide, sans personne pour prendre la responsabilité d’un naufrage », juge Pierre. Dans cette zone dite de « Search and Rescue » (SAR), c’est à Tripoli d’intervenir. Six numéros de téléphone ont été composés par l’association dans l’espoir que ses « gardes-côtes » interviennent. Aucune réponse. « C’est très rare, mais parfois, si nous sommes chanceux, ils nous répondent », confie Pierre.

A la suite de plusieurs échanges téléphoniques avec l’embarcation, les volontaires d’Alarm Phone ont pu estimer le nombre de clandestins à bord à peu ou proue 130 personnes, dont sept femmes – l’une d’elles est enceinte. Le rafiot est composé de deux flotteurs en caoutchouc, « comme un Zodiac, mais moins solide, et surtout pas du tout conçu pour une traversée ».

Il vous reste 58.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Anatomie d’un naufrage qui a fait 130 morts en Méditerranée est apparu en premier sur zimo news.