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Yaïr Golan était vice-chef de l’état-major général de l’armée israélienne jusqu’en 2017. Sous l’uniforme, il a déploré en silence que le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’oppose à l’accord sur le nucléaire iranien de 2015. Elu au Parlement, en 2019, pour le parti de gauche Meretz, il critique l’opposition d’Israël à la relance des négociations par Washington.
En 2015, que pensiez-vous de l’accord sur le nucléaire ?
Lorsque l’accord a été signé, nous, les hauts responsables de l’armée, du renseignement, du Mossad, l’avons lu et examiné en détail, et nous avons conclu qu’il était raisonnable. Ce n’était pas le meilleur possible, parce qu’il n’était pas imposé à une nation vaincue. Les Américains avaient dû faire des compromis pour maintenir une coalition unie [avec les autres signataires : Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne]. Nous avons estimé qu’il fallait l’accepter avec satisfaction, et travailler avec les Américains et d’autres pour définir le cadre de l’accord suivant. Ce « deal » nous a fait gagner du temps. Il a allégé la pression sur Israël. Après quelques mois, nous avons vu que les Iraniens remplissaient leurs engagements.
Cet avis était-il partagé par la haute hiérarchie sécuritaire ?
Par la plupart d’entre nous. Le chef d’état-major à l’époque, Gadi Eizenkot, et le patron du Mossad, Tamir Pardo, pensaient et pensent encore qu’il était bon pour Israël. M. Nétanyahou a continué de s’y opposer, mais à quoi bon ? L’accord était conclu.
Qu’en est-il d’une dimension secrète du programme nucléaire ?
Les Iraniens n’hésitent pas à tricher lorsque cela les arrange. Il faut de bonnes inspections – et l’accord avait des limites sur ce point. Il faut d’excellents renseignements pour s’assurer qu’ils n’ont pas de projets cachés. Vous devez être préparé à certaines violations et tenir prêtes vos capacités militaires. Mais l’accord a ramené le projet iranien à un stade très préliminaire, et cela a été plus efficace que toute autre mesure que nous ayons tentée depuis le début des années 2000.
La révélation par Israël de sa possession d’archives du programme iranien en 2018 a pourtant contribué à décider Donald Trump à retirer les Etats-Unis de l’accord…
Leur saisie était un grand succès, mais elles ont apporté peu d’informations nouvelles. M. Nétanyahou en a fait un spectacle parce que cela le servait politiquement. La plupart des Israéliens n’ont pas la moindre idée du projet iranien. Pour un politicien, c’est le paradis ! Vous pouvez en faire ce que vous voulez. Je crois que si le problème avec l’Iran était gelé grâce à un accord, ce serait terrible politiquement pour M. Nétanyahou. Parce qu’il unit ses partisans en affirmant que quelqu’un va nous détruire, exactement comme les nazis, et que lui seul peut les sauver de cet horrible futur.
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