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Il n’aura fallu qu’une semaine après la visite du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en Inde, pour que le dossier de la centrale nucléaire de Jaitapur progresse. Vendredi 23 avril, EDF a annoncé avoir déposé « l’offre technico-commerciale engageante » portant sur le projet du siècle, six réacteurs à eau pressurisée de type EPR au bord de la mer d’Arabie, à mi-distance de Bombay et des plages de Goa. Un projet qui remonte à une quinzaine d’années et qui était initialement porté par Areva et sa dirigeante d’alors, Anne Lauvergeon, avec le soutien de Nicolas Sarkozy.
Il s’agirait de la plus grosse infrastructure atomique civile au monde, avec une puissance installée de 9 600 mégawatts, permettant de fournir en courant électrique le nombre impressionnant de 70 millions de foyers. Cette offre aurait dû initialement être remise fin 2018 au groupe Nuclear Power Corporation of India Limited (NPCIL), futur exploitant de la centrale. Mais l’approche des élections générales indiennes du printemps 2019 l’avait rendue inopportune aux yeux du premier ministre nationaliste Narendra Modi, candidat à sa reconduction au pouvoir.
Si la rédaction du document, plus de 7 000 pages, a pris finalement beaucoup plus de temps que prévu, c’est aussi en raison de la sensibilité de son sujet central : la répartition des responsabilités entre l’électricien français et l’opérateur public indien. En l’occurrence, EDF entend imposer ses conditions. Alors que l’entreprise présidée par Jean-Bernard Lévy disait à l’origine qu’elle réaliserait l’ensemble de la centrale de Jaitapur, elle se propose maintenant de ne fournir que « les études d’ingénierie et les équipements », sans être « ni investisseur dans le projet ni chargée de la construction ».
Risque sismique avéré
Elle ne se porte « garante de la performance de chacune des six unités EPR » que sur « une durée limitée », laissant à son futur exploitant, NPCIL, la responsabilité « de la construction et de la mise en service », ainsi que de l’obtention « de l’agrément » de la technologie EPR auprès de l’autorité de sûreté nucléaire indienne. Le sujet est fondamental puisque cela exonère EDF en cas d’accident, une fois la centrale entrée en exploitation.
Or, la falaise de Jaitapur présente un risque sismique avéré, comme le démontrent depuis bientôt un demi-siècle de multiples rapports des autorités locales. En septembre 2019, l’Autorité nationale de gestion des catastrophes a confirmé le danger potentiel. Le terrain, formé de latérite dégradée comme tout le district de Ratnagiri, réputé pour sa production de mangues, est traversé par une faille profonde. Ce seraient donc les Indiens qui endosseraient le risque d’y construire la centrale.
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