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C’est un pétard mouillé selon le pouvoir, un délire orwellien aux yeux de l’opposition. La révélation, dimanche 11 avril, du pillage massif des données personnelles de près d’un million d’électeurs est devenu le nœud de la campagne pour les élections législatives en Albanie. D’après le site d’information Lapsi, qui a découvert la fuite, ces données auraient été utilisées par le Parti socialiste au pouvoir depuis 2013 pour influencer le scrutin, qui doit se tenir dimanche 25 avril.
Le fichier électronique obtenu par les journalistes rassemble les informations civiles – numéro de carte d’identité, numéro de téléphone, employeur, bureau de vote, ou encore adhésion à un parti politique – de 910 000 Albanais, résidant dans l’agglomération de la capitale, Tirana, ce qui représente un tiers de la population.
Ces données, en théorie confidentielles, ont été extraites du portail e-Albania, sur laquelle quasiment tous les Albanais majeurs et disposant d’une connexion à Internet sont inscrits pour gérer leurs procédures d’état civil. L’administration chargée de la plate-forme, l’Agence nationale des informations, a nié toute fuite de fichiers.
« Ce ne sont que des numéros »
Selon le journal en ligne, le Parti socialiste aurait utilisé ces données pour cibler les populations à convaincre durant la campagne électorale, et ainsi maximiser ses chances de l’emporter. Rejetant ces accusations, le Parti socialiste, par la voix de son secrétaire général Taulant Balla, a qualifié les journalistes de « calomniateurs désespérés » à la solde du Parti démocrate. Sa défense est de dire que chaque parti a ses propres bases de données, obtenues légalement par le porte-à-porte et les adhésions.
Le Parti socialiste assure aussi que ces données sont « anciennes », mais plusieurs Albanais victimes de la fuite ont montré que le fichier contenait bien des informations récentes. « Le nom de mon nouvel employeur, pour lequel je travaille depuis seulement six mois », confie un étudiant de Tirana, qui requiert l’anonymat. Pour dédramatiser l’affaire, à quelques jours des législatives où il se présente pour son troisième mandat, le premier ministre, Edi Rama, a été jusqu’à lire les chiffres de sa propre carte d’identité lors d’un meeting mardi 20 avril. « Ce ne sont que des numéros », a-t-il lancé à la foule.
Parmi les autres informations présentes sur le fichier, se trouvait le nom des « patrons » de chaque victime de la fuite. Il s’agit en fait d’employés du Parti socialiste chargés d’espionner un groupe d’individus d’un même voisinage pour « veiller sur eux » et surtout identifier leurs opinions politiques. Ce système serait appliqué depuis 2009, comme l’a reconnu publiquement le premier ministre à la suite de ces révélations. Afin d’identifier la personne qui les surveille au quotidien, des milliers d’Albanais contactent le site Lapsi depuis deux semaines pour demander que leur soit transmis le nom de leur « patron ».
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