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Drones: un œil américain dans l’armée de l’air française

Ce sont les yeux de l’armée de l’air au Sahel. Des yeux de cinq tonnes et vingt mètres d’envergure, capables de larguer des bombes GBU12 de 250 kilos pièce. Eux? Les drones MALE (moyenne altitude, longue endurance) Reaper, développés par l’américain General Atomics. Capables de voler 24 heures de suite au-dessus des théâtres d’opérations, ils sont devenus indispensables aux forces françaises pour traquer les groupes armés terroristes, et au besoin les neutraliser. Pour prendre le relais du drone Harfang, un appareil israélien francisé par Airbus, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, s’était résolu en 2013 à l’achat en urgence de ces engins.

Comment la France a-t-elle pu rater le virage des drones de surveillance? La Cour des comptes a dressé en février 2020 un réquisitoire impitoyable sur ce raté majeur. Les magistrats citaient pêle-mêle des « résistances d’ordre culturel, en particulier au sein de l’armée de l’air face à cette nouvelle concurrence aux avions pilotés, un manque de constance et de cohérence dans les choix industriels des pouvoirs publics, des rivalités entre industriels et une absence de vision stratégique du ministère ». De fait, la France et l’Europe se sont perdues, depuis les années 1990, dans une multitude de projets, parfois rivaux, qui n’ont finalement jamais vu le jour:

Talarion d’Airbus, Telemos de Dassault et BAE Systems, Voltigeur de Dassault et de l’israélien IAI.

100 % des drones MALE de l’armée française sont fournis par General Atomics (Etats-Unis).

Et huit ans après la commande des Reaper, l’industrie européenne n’a toujours pas réussi à développer une alternative au drone américain. L’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont bien lancé, en 2015, le projet Eurodrone, qui devait entrer en service en 2025. Mais le programme s’est embourbé, entre les différends franco-allemands sur les spécifications et les retards de paiement de l’Espagne. Le contrat de développement, annoncé pour le début d’année 2021, n’est toujours pas signé, et le premier vol est désormais annoncé en 2028, voire 2029.

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« Le risque est de se retrouver en 2030 avec un drone trop lourd, technologiquement dépassé, et donc inexportable », résume le sénateur Cédric Perrin, auteur d’un rapport sur les drones militaires en 2017, et qui en prépare un nouveau pour l’été. Même sur les drones plus petits, les industriels sont à la peine, avec les retards de Safran sur le Patroller et de Thales sur le Spy’Ranger.

NOS CHAMPIONS
La France dispose de toutes les compétences requises. Dassault a réussi à développer un prototype de drone de combat furtif, le Neuron, un projet autrement plus complexe qu’un drone MALE. Safran maîtrise les moteurs et les boules optroniques, Thales les capteurs embarqués, et MBDA les missiles.

 

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