Les participants au sommet international sur le climat jeudi et vendredi sont unanimes: lutter contre le changement climatique sera bénéfique pour la croissance mondiale.
Du président américain Joe Biden au président français Emmanuel Macron en passant par la directrice du FMI Kristalina Georgieva, ils plaident en faveur d’actions ambitieuses – investissements massifs, taxe carbone élevée-, pour enrayer la hausse des températures et mettre la planète sur le chemin de la prospérité.
Quel est le constat ?
Le changement climatique représente une menace majeure pour la croissance du globe.
Ses effets sont connus: chute des rendements des cultures, propagation des maladies, économies touristiques dévastées par la récurrence d’événements météorologiques extrêmes, perte de productivité, etc.
Les effets du changement climatique pourraient ainsi faire perdre jusqu’à 18% du Produit intérieur brut mondial d’ici 2050 par rapport à une estimation sans changement climatique, a chiffré Swiss Re, l’un des plus grands fournisseurs mondiaux d’assurance aux autres assureurs, dans un rapport publié jeudi.
Les économies d’Asie seraient les plus durement affectées, la Chine risquant de perdre près de 24% de son PIB dans un scénario du pire, tandis que la première économie du monde, les Etats-Unis, perdrait près de 10% et l’Europe près de 11%.
La Banque mondiale estime, elle, qu’entre 32 et 132 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans l’extrême pauvreté d’ici 2030 en raison de l’impact du changement climatique.
Quels sont les besoins de financements pour quels bénéfices ?
La Banque mondiale a identifié cinq domaines prioritaires pour les investissements: systèmes d’alerte précoce, infrastructures résistantes aux phénomènes climatiques, agriculture dans les zones arides, protection des mangroves et résilience des ressources en eau.
Investir, d’ici 2030, 1.800 milliards de dollars dans ces seuls domaines pourrait en rapporter jusqu’à 7.100 milliards.
En janvier dernier, l’Agence internationale de l’Energie avait, elle, exhorté à « une action décisive » d’ici à 2030. Elle préconise d’augmenter la part des voitures électriques dans les ventes annuelles de 3% à plus de 50%; d’accroître la production d’hydrogène à faible teneur en carbone de 450.000 tonnes à 40 millions de tonnes; et d’augmenter les investissements dans l’électricité propre de 380 milliards à 1.600 milliards de dollars.
Dirigeants et institutions assurent que ces investissements vont créer « des millions d’emplois mieux rémunérés », sans chiffrage précis.
A quoi sert la taxe carbone? Pourquoi l’augmenter et quel serait son juste prix ?
Taxer de façon ambitieuse les énergies les plus émettrices, c’est impulser des changements de comportement des consommateurs incités à consommer moins d’énergie, à acheter des véhicules électriques ou des appareils ménagers plus économes en électricité.
Pour le Fonds monétaire international (FMI), le seul moyen de parvenir effectivement à réduire suffisamment les émissions de carbone pour limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport au niveau préindustriel est d’imposer une taxe carbone « robuste » de 75 dollars.
« Plus de 60 systèmes de tarification ont été mis en œuvre. Mais le prix mondial moyen est actuellement de 2 dollars la tonne », a déploré jeudi Kristalina Georgieva.
Elle a aussi plaidé en faveur de l’imposition d’un « prix plancher » de cette taxe pour les pays avancés du G20, mais qui soit « équitable », c’est-à-dire « avec des prix différenciés selon leur niveau de développement économique ».
Une hausse combinée de cette taxe et des investissements dans les infrastructures vertes pourrait en outre augmenter le PIB mondial de plus de 0,7% par an au cours des 15 prochaines années, estime le Fonds.
Quelles en seraient les retombées ?
Les experts du FMI calculent qu’une taxe carbone d’au moins 50 dollars en 2030 pour les pays du G20, et de 25 dollars pour les économies émergentes, doublerait les réductions d’émissions par rapport aux engagements actuels des pays.
Les recettes fiscales récoltées seront conséquentes, de 0,5 à 4,5% de la richesse nationale selon les pays. Elles pourront servir à réduire d’autres impôts (sur le revenu…), ou être redistribuées aux ménages les plus pauvres.
Comment inciter les pays pauvres à faire leur transition verte ?
Le FMI et la Banque mondiale réfléchissent à la possibilité d’alléger la dette des pays pauvres en échange d’investissements verts. L’objectif est de faire des propositions concrètes d’ici le sommet climat COP26 à l’automne.
Quid du Fonds vert sur le climat ?
Le Fonds vert pour le climat (GCF) est un mécanisme financier visant à transférer des fonds des pays les plus avancés vers les pays les plus vulnérables afin de mettre en place des projets pour lutter contre le changement climatique ou s’y adapter.
Les Etats-Unis souhaitent l’augmenter l’an prochain de 1,2 milliard de dollars supplémentaires.
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