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En Pologne, la théorie du complot sur la catastrophe de Smolensk continue sa carrière politique

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Devant le monument en hommage au président Lech Kaczynski, à l’occasion de l’anniversaire de l’accident d’avion qui l’a tué, à Varsovie, le 10 avril. Devant le monument en hommage au président Lech Kaczynski, à l’occasion de l’anniversaire de l’accident d’avion qui l’a tué, à Varsovie, le 10 avril.

LETTRE DE VARSOVIE

Onze ans après les faits, la « plus grande tragédie nationale de ces dernières décennies », comme l’a qualifiée le premier ministre de l’époque Donald Tusk, n’en finit pas de soulever les controverses politiques en Pologne. La mort du président Lech Kaczynski – frère jumeau de l’actuel homme fort du pays, Jaroslaw Kaczynski – dans le crash de l’avion présidentiel au-dessus de Smolensk, en Russie, le 10 avril 2010, a constitué un cataclysme politique et sociétal dont le pays ne s’est toujours pas remis.

La tragédie, qui a coûté la vie à 96 éminentes personnalités polonaises, dont le couple présidentiel et la quasi-totalité de l’état-major de l’armée, reste toujours opportunément instrumentalisée par le parti national conservateur au pouvoir Droit et justice (PiS).

Le 18 avril, un film documentaire intitulé Etat de danger, de la réalisatrice ultraconservatrice et complotiste Ewa Stankiewicz, a été diffusé par la télévision publique. « Toutes les preuves que nous avons nous indiquent qu’il n’y a pas d’autres possibilités que la désintégration de l’avion à l’issue d’une exposition, explique la réalisatrice. Et il ne s’agit pas de carburant, mais de matériaux utilisés dans l’industrie et l’armée (…). C’est incontestable. » Elle annonce aussi la révélation future d’autres « faits choquants », qui n’ont « pas pu se trouver dans le film ».

Bien que le documentaire ait été achevé depuis plus d’un an, sa diffusion a été reportée à plusieurs reprises, au grand étonnement de la réalisatrice, qui s’est plainte d’un manque de consultation et de transparence avec la chaîne publique, étroitement contrôlée par le pouvoir. Sur les bords de la Vistule, l’opposition démocratique interprète cette situation étrange de manière unanime : le PiS décide de jouer la « carte Smolensk » quand le moment est opportun, et doit faire attention que les thèses avancées ne soient pas trop excessives, si elles devaient recevoir à l’avenir le sceau officiel de l’Etat.

« Secte de Smolensk »

Dans une situation, où la coalition au pouvoir traverse une crise majeure, où un des hommes pilier du système PiS croule sous les affaires politico-financières, quoi de mieux que de remuer une vieille plaie pour détourner l’attention de l’électorat ?

Les complots autour la catastrophe de Smolensk ont été depuis l’origine un moyen pour Jaroslaw Kaczynski de construire une base électorale solide – autour de 30 % des votants – instrumentalisée par les médias ultraconservateurs, n’ayant jamais reconnu les conclusions officielles des enquêtes sur les causes du crash. Cet électorat dur du PiS a même reçu le surnom de « secte de Smolensk. »

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