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Les députés allemands ont adopté, mercredi 21 avril, une modification controversée de la loi anti-Covid-19, qui renforce les pouvoirs du gouvernement d’Angela Merkel, et ce en vue de durcir la lutte contre la troisième vague de la pandémie.
Cette réforme de la loi sur la protection contre les infections, qui impose le déclenchement automatique de restrictions sévères au niveau national au-delà d’un seuil déterminé de cas, a pu être adoptée grâce aux voix des conservateurs et des sociaux-démocrates, alliés au gouvernement et majoritaires au Bundestag, la chambre basse du Parlement.
Au total, 342 députés ont voté en faveur de la loi, 250 contre, et 64 se sont abstenus. Le texte devra encore passer jeudi devant le Bundesrat, la chambre haute, avant de pouvoir entrer en vigueur.
Non loin du Reichstag, bâtiment qui abrite le Bundestag, à Berlin, des incidents ont vu s’affronter forces de l’ordre et manifestants opposés par milliers à l’adoption de cette réforme. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les quelque 8 000 d’entre ces derniers qui refusaient de quitter les lieux, selon une journaliste de l’Agence Fance-Presse. Au moins sept personnes ont été interpellées.
La dispersion avait été ordonnée alors que les manifestants ne portaient pas de masque de protection et ne respectaient la distanciation physique, mais la plupart sont restés sur place, scandant : « Nous sommes le peuple », « Le confinement, ça suffit », ou encore « Défendons nos libertés ! »
Prendre le contrôle sur la gestion de l’épidémie
Pour le gouvernement allemand, il est primordial de prendre le contrôle sur la gestion de l’épidémie. Celle-là a fait plus de 80 000 morts dans le pays depuis un an, et, même si la campagne de vaccination a accéléré, la troisième vague d’infections n’a pas encore atteint son pic, selon les virologues.
« Vacciner et tester ne suffit pas » pour « briser cette troisième vague », a lancé le ministre de la santé, Jens Spahn, devant le Bundestag, qui a qualifié la situation, marquée par un nouvel afflux de malades dans les hôpitaux, de « très sérieuse ».
L’objectif de la réforme adoptée par les députés est d’augmenter les compétences du pouvoir central dans les domaines sanitaire et éducatif, qui normalement sont la chasse gardée des Länder. Il s’agit d’imposer un verrouillage sévère de la vie publique (lequel est dans un premier temps prévu jusqu’au 30 juin) dès que le taux d’incidence, qui mesure les infections sur une semaine, est supérieur à 100 pendant trois jours.
Le déclenchement automatique de ce « frein d’urgence » doit mettre un terme aux tensions avec les Länder, dont certains ont composé avec (lorsqu’ils ne les ont pas tout bonnement ignorées) des mesures strictes ayant pourtant été décidées avec leur aval.
La démarche n’a rien d’évident dans une Allemagne très attachée à son système fédéraliste, instauré à l’initiative des Alliés après la fin du régime autoritaire nazi, très centralisé.
La mise en place de couvre-feux au niveau national, dont le contrôle serait assuré par la police, réveille en particulier de mauvais souvenirs en ex-RDA, dont le régime, communiste, était également autoritaire.
Assouplissement du projet de couvre-feu
En réponse aux critiques, le gouvernement fédéral a assoupli son projet initial d’une interdiction de sortie entre 21 heures et 5 heures. Il propose désormais un couvre-feu « souple » entre 22 heures et minuit, lequel permet les promenades ou le jogging, puis « dur » entre minuit et 5 heures, sauf lorsqu’il s’agit de se rendre à son travail.
Le gouvernement a aussi abaissé à 165 le taux d’incidence entraînant la fin des cours en présentiel dans les écoles – également sous la compétence des régions –, au lieu d’un niveau de 200, qui a été jugé trop élevé.
Mais pas question d’abandonner l’idée d’un couvre-feu fédéral, qui se veut « un signal de la situation dramatique [qui a cours] en Allemagne, et (…) que [le gouvernement] pren[d] au sérieux », a expliqué ce week-end le ministre de l’économie, Peter Altmaier.
La diversité des règles existant d’un Land à l’autre – certains d’entre eux ayant misé sur des assouplissements combinés à l’usage massif de tests – a nourri une confusion et une frustration grandissantes au sein de la population.
Mercredi, le taux d’incidence avait légèrement diminué : il s’élevant à 160,1 en moyenne, avec un nombre de nouvelles contaminations atteignant près de 23 000. La hausse quotidienne de ces dernières a considérablement varié ces derniers jours, oscillant entre 10 000 et près de 30 000.
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