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A Haïti, la « descente aux enfers » de la population face à la violence

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Le paiement de 50 000 dollars (41 500 euros) de rançon n’aura pas suffi. Après que la famille d’Oxane Dorcélus a réuni cette somme considérable et l’a remise à ses ravisseurs, ceux-ci ont accepté de libérer, mercredi 14 avril, la malheureuse septuagénaire haïtienne. Mais ils retiennent toujours captifs leurs neuf autres otages, enlevés comme elle, trois jours plus tôt, dans la banlieue ouest de Port-au-Prince.

Ce groupe de dix personnes, parmi lesquelles sept religieux catholiques – cinq ecclésiastiques haïtiens ainsi qu’une nonne et un curé français –, se rendait, dimanche 11 avril, à la cérémonie d’installation d’un jeune curé – le fils de Mme Dorcélus – dans sa nouvelle paroisse, à Galette-Chambon, non loin de la capitale haïtienne, lorsqu’il est tombé dans une embuscade à Croix-des-Bouquets.

Très rapidement, la police a soupçonné le tristement célèbre gang armé 400 Mawozo, actif dans l’agglomération, d’être à l’origine de l’enlèvement. Le soir même, Loudger Mazile, porte-parole de la conférence épiscopale d’Haïti, annonçait que les ravisseurs exigeaient une rançon de 1 million de dollars (831 000 euros).

« Personne n’est à l’abri d’un kidnapping »

Alors que cette république caribéenne s’enfonce, depuis février, dans une crise politique et institutionnelle toujours plus grave, les exactions se multiplient et les kidnappings crapuleux sont devenus monnaie courante. Ce crime a néanmoins semé la consternation en Haïti : les malfaiteurs n’ont plus peur de s’en prendre au clergé. « Nous constatons la descente aux enfers de la société haïtienne, s’émouvait Mgr Max Leroy Mésidor, archevêque de Port-au-Prince, au lendemain du rapt. La violence des bandes armées prend une proportion sans précédent », s’indignait le prélat, incriminant au passage « les autorités publiques qui ne font rien pour résoudre cette crise », mais aussi « les complaisances et les complicités, d’où qu’elles viennent ».

L’onde de choc causée par ce nouvel acte criminel a fait tomber le gouvernement : mercredi 14 avril, le premier ministre, Joseph Jouthe, remettait sa démission au président Jovenel Moïse. Dans la foulée, le chef de l’Etat le remplaçait par Claude Joseph, l’ancien ministre des affaires étrangères.

Mais ce remaniement n’a pas suffi à calmer la colère de la société haïtienne : jeudi 15 avril, le secteur privé et les établissements scolaires observaient l’appel à la grève générale lancé par l’Eglise catholique. A Port-au-Prince et dans les principales villes du pays, l’activité économique tournait au ralenti, tandis que, dans les églises, les messes prenaient des allures de meetings politiques et les sermons dénonçaient l’incurie des autorités.

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