Protéger les hérissons, c’est possible ! Co-organisée par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et Sorbonne Université, l’enquête annuelle « Mission Hérisson » propose aux volontaires de recueillir des données sur la présence de ces mammifères dans leur jardin (ou dans un espace de nature de leur choix), afin de mieux connaître ces animaux en vue d’améliorer leur préservation. Une initiative saluée par la Fondation 30 Millions d’Amis.
Construire un tunnel, identifier des empreintes, transmettre des données… Il ne s’agit pas là d’espionnage, mais d’un programme de sciences participatives destiné à améliorer les connaissances relatives aux hérissons. Car si les mœurs de ces mammifères sont bien documentées, il n’en va pas de même pour leur répartition sur le territoire métropolitain, ni l’évolution de leur effectif au cours du temps. Préfèrent-ils la vie citadine ou plutôt campagnarde ? Leur population tend-elle à diminuer ? C’est pour répondre à ces questions que la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le Muséum national d’Histoire naturelle et Sorbonne Université ont lancé la « Mission Hérisson », qui a réuni pour la 1ère fois en juillet 2020 quelque 960 participants.
La première cause de disparition des hérissons est la destruction de leur habitat.
Marjorie Poitevin, LPO
Malgré les piquants dont leur peau est bardée, les hérissons demeurent des créatures fragiles… en particulier face aux activités humaines. En quinze ans, un tiers des hérissons a ainsi disparu des campagnes anglaises. En 2018, le Centre de sauvegarde LPO situé à Audenge (33) en avait accueilli plus de 650 en l’espace de quelques mois. Parmi les motifs « d’hospitalisation » de ces animaux figurent les collisions routières, les empoisonnements par des granulés anti-limaces, les noyades dans des piscines et autres étangs artificiels, les blessures provoquées par des tondeuses à gazon, ou encore les morsures infligées par des animaux domestiques. Des dangers qui ne reflètent toutefois pas forcément les causes véritables du déclin de l’espèce en Europe…
Les villes, des refuges pour les hérissons ?
« La première cause de disparition des hérissons est la destruction de leur habitat, grignoté par l’urbanisation et par les terres agricoles. Ce sont des hérissons qui meurent avant même de pouvoir arriver dans un centre de soins, explique Marjorie Poitevin, Responsable de programme Service connaissances à la LPO, jointe par 30millionsdamis.fr. Les autres facteurs – collisions routières, tondeuse, débroussailleuse… – ne représentent que la face émergée de l’iceberg. » Évincés des campagnes, les hérissons trouveraient refuge au sein des villes et de leur périphérie. Un phénomène confirmé par l’analyse des données recueillies par la « Mission Hérisson » en 2020 : leur présence s’avère plus fréquente dans les zones urbaines ou péri-urbaines, où ces animaux semblent trouver davantage de ressources alimentaires et de zones de repos qu’en milieu rural.
Si le chaos urbain pourrait sembler peu propice à la tranquillité des hérissons, cet espace offrirait en réalité à l’animal des bénéfices insoupçonnés. « En zone urbaine et péri-urbaine, le hérisson souffre moins de la pollution de son habitat [par les pesticides], et il va donc trouver plus facilement ses proies, à savoir des insectes, des larves ou encore des escargots, précise Marjorie Poitevin. Il y trouve aussi davantage d’endroits où s’abriter, gîter et élever ses jeunes, tels que des haies ou des fourrés, que l’on a communément dans nos parcs et jardins. » Enfin, les villes présenteraient l’avantage de tenir à distance le blaireau d’Europe, principal prédateur naturel du hérisson. Nos cités présentent néanmoins un inconvénient de taille : des frontières… parfois infranchissables !
« La « libre-circulation » du hérisson est un problème important, reconnaît Marjorie Poitevin. C’est un animal qui parcourt plusieurs kilomètres chaque nuit. Or, la fragmentation de son habitat est l’un des principaux facteurs de disparition de l’espèce. » Les grillages, les murs, mais aussi les routes… toutes ces « barrières » empêchent les hérissons de se déplacer, que ce soit pour se nourrir ou pour rencontrer un partenaire. Face à ce constat, il existe un geste simple à mettre en œuvre, pourvu que l’on dispose d’un jardin : « En perçant des trous d’une douzaine de centimètres de diamètre dans vos clôtures, vous facilitez les déplacements des hérissons », recommande la responsable de programme de la LPO.
Participer à la « Mission Hérisson » dans la durée
Si les pièges photographiques fournissent des indices précieux sur la présence des hérissons, nul n’est besoin de posséder ce type de matériel pour contribuer au recueil de données sur l’espèce. Ainsi, pour participer à l’enquête « Mission Hérisson », il suffit de se munir d’un « tunnel à empreintes », à construire soi-même à partir d’un kit (sur commande) ainsi que de matériel disponible dans le commerce : feuilles de papier, huile végétale… Comme son nom l’indique, ce dispositif permet de figer les empreintes des bêtes qui s’y aventurent. Il faut laisser le tunnel dans un jardin (ou dans un coin de nature) au même endroit durant 5 nuits de suite, puis relever chaque matin les empreintes présentes et enregistrer les observations sur le site de l’enquête.
Pour obtenir des résultats utiles aux scientifiques et leur permettre d’étudier l’évolution de la présence des hérissons au cours du temps, ce protocole doit être reproduit – toujours au même endroit – une fois par saison (soit 4 fois par an) durant plusieurs années. « L’enjeu est de rassembler notre communauté et de l’animer pour que les gens participent dans la durée », souligne Marjorie Poitevin. Outre une conférence de présentation prévue le 29 avril 2021 de 18h à 19h30 (en ligne, sur inscription), des temps d’échange seront organisés par visioconférence tout au long de l’année, durant lesquels les participants pourront poser leurs questions directement aux chercheurs. Mission acceptée ?! Rendez-vous sur missionherisson.org !
Note : Pour venir concrètement en aide aux hérissons, il est également possible de réaliser un « gîte » où ces animaux pourront s’abriter, en formant un tas de feuilles, de branchages ou de restes de tonte dans un coin de son espace extérieur. Si des croquettes pour chats peuvent compléter leur alimentation naturelle, il ne faut en revanche sous aucun prétexte leur mettre à disposition du lait ni du pain : bien qu’ils en soient friands, les hérissons s’avèrent incapables de digérer correctement ces aliments… dont la consommation peut même s’avérer mortelle.
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