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Inde: la jeune aux nattes brunes qui se bat pour les forêts de Mollem

Entraînée par une jeune Indienne de 20 ans aux nattes brunes, la flash mob surgit en dansant contre un projet d’infrastructures menaçant le parc national de Mollem, dans le sud de l’Inde, où les autorités sont désarçonnées par le mouvement de jeunes écologistes qui prend de l’ampleur.

La confrontation entre l’Etat et les militants écologistes n’est pas nouvelle en Inde, où les communautés tribales appauvries se plaignent depuis longtemps d’être déplacées dans la poursuite de la croissance économique.

Mais elle a rarement été conduite par des jeunes femmes comme Neola Pereira, qui manifeste en dansant, vêtue à l’occidentale, d’un jean moulant et d’un T-shirt, sachant bien se servir des réseaux sociaux pour amplifier ses actions.

« Les gens pensent que seuls les écologistes doivent se battre pour l’environnement, mais ce n’est pas vrai », explique à l’AFP cette étudiante en commerce. C’est l’affaire de tous.

Neola Pereira milite depuis des mois pour empêcher un projet d’infrastructures gouvernemental comprenant l’extension de voies ferrées, l’élargissement d’une autoroute et la construction d’une ligne à haute tension qui traverserait les forêts du parc national de Mollem, où vivent des tigres et d’autres grands félins menacés d’extinction.

La ligne ferroviaire existant transporte quotidiennement des milliers de tonnes de charbon australien, sud-africain et indonésien à travers Goa, sur la côte longeant la mer d’Oman.

Selon les militants, une extension menacerait cette réserve écologiquement sensible et risque de transformer cet État luxuriant en plateforme à charbon.

– Emules de Greta –

Déchargement d'une cargaison de charbon sur un port de Goa, en Inde, le 11 mars 2021 (AFP - Indranil MUKHERJEE)

Déchargement d’une cargaison de charbon sur un port de Goa, en Inde, le 11 mars 2021 (AFP – Indranil MUKHERJEE)

La jeune femme n’avait pas prévu cet engagement, étant comme la majorité de la jeunesse de la classe moyenne urbaine, davantage préoccupée par l’admission à l’université et la compétition pour accéder à un emploi en col blanc que par le militantisme écologique.

Or, les choses ont changé récemment sous l’impulsion de la jeune militante suédoise Greta Thunberg.

« Les jeunes femmes comme moi ne veulent pas seulement une carrière, nous voulons que notre voix serve au changement », affirme Neola Pereira, qui a été détenue par la police en décembre.

En février, la police a aussi arrêté la militante pour le climat Disha Ravi, 22 ans, accusée de sédition.

Si la campagne #SaveMollem a gagné le soutien d’une grande partie de la jeunesse, d’autres catégories d’individus tendent à rejoindre la cause, grâce à des campagnes battues sur internet, comme ce défi de danse baptisé « Jerusalema » que des centaines de personnes ont relevé à travers Goa, ancienne colonie portugaise.

« Les réseaux sociaux aident beaucoup (…) ça s’embrase plus vite », relève Hycintha Aguiar, zoologiste de 26 ans, qui a conduit des recherches à Mollem de 2019 à 2020.

« Je m’étais abstenue de militantisme jusque-là, mais ce qui se passe ici est très inquiétant », confie-t-elle à l’AFP.

– Biodiversité « perturbée » –

Neola Pereira montre des morceaux de charbon tombés de trains de frêt à Kulem, dans l'Etat indien de Goa, le 11 mars 2021 (AFP - Indranil MUKHERJEE)

Neola Pereira montre des morceaux de charbon tombés de trains de frêt à Kulem, dans l’Etat indien de Goa, le 11 mars 2021 (AFP – Indranil MUKHERJEE)

Mais chaque jour d’énormes cargaisons de charbon d’importation à bord de navires accostent au port de Mormugao à Goa, qui transitent sur des camions avant d’être emportées par des wagons de chemin de fer vers les États voisins.

Les géants des infrastructures JSW Steel et le groupe Adani, que l’on dit proche du Premier ministre Narendra Modi, détiennent des installations de manutention de charbon dans le port.

Le ministre de l’Energie et l’environnement de Goa, Nilesh Cabral, a balayé les inquiétudes de voir l’État devenir une plateforme à charbon, les qualifiant de fiction inventée par les militants.

Il a défendu les projets de Mollem, admettant que la biodiversité serait certes « perturbée », mais qu’elle s’en remettrait.

Ces projets amélioreront les échanges pour les habitants de Goa, a-t-il argué auprès de l’AFP.

– « Piégés » par la police –

Nombre d’habitants de l’Etat ne sont guère convaincus par l’argument.

« Enfant, je me délectais de la nature de Goa », se souvient Mariano Proenca, un prêtre de 68 ans qui a pris part à l’une des récentes manifestations de Neola Pereira.

« Désormais, à cause de ces projets qui la détruisent, les enfants ne pourront plus jouir de la nature », déplore-t-il.

Mais la jeune Pereira se dit prête à un long combat, sans se soucier de la répression possible.

En décembre, des officiers de police, montés à bord d’un bus privé, plein de militants écologistes, ont ordonné au chauffeur de les conduire au poste de police.

« Nous étions piégés (…) nous avons hurlé à l’aide », se souvient la militante.

Quelques minutes plus tard, les militants diffusaient les images de la situation en direct sur Instagram. Elles sont devenues virales, avec plus de 200.000 vues, incitant d’autres personnes à rejoindre le mouvement en solidarité.

« Le gouvernement a peur parce que (…) nous avons touché énormément de monde », affirme Neola, « sûre de gagner cette bataille ».

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