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ReportageEn Birmanie, près de la frontière thaïlandaise, des centaines d’opposants à la junte militaire ont trouvé refuge auprès de la guérilla Karen. Les uns sur le chemin de l’exil, les autres prêts à prendre les armes contre les militaires.
Le grand jeune homme mince s’est assis en silence aux côtés du petit groupe d’exilés : « Je retournerai chez moi bientôt et j’irai faire la guerre à ces fascistes de soldats birmans », finit-il par dire. Son visage d’idole extrême-orientale, dont l’énigme semblait jusque-là indéchiffrable, s’éclaire soudain d’un sourire sans mystère : « Plutôt mourir que de vivre sous le règne des généraux ! » Il rit, comme s’il voulait s’excuser de casser l’ambiance. Il s’appelle Pyone, il a 24 ans. C’est un Kachin, une population du nord de la Birmanie, en conflit de longue date avec l’Etat central. Il est étudiant dans un pays étranger qu’il ne nommera pas et parle un très bon anglais aux inflexions de voyou de banlieue : « Je t’l’dis, mec, on va combattre ces salauds. »
La nuit va tomber. Les grillons grincent, assurant la bande-son du jour qui bascule ; la chaleur, d’un seul coup, fait place à une légère brise montant des eaux brunâtres de la Moei toute proche, rivière frontière entre Thaïlande et Birmanie. La scène se déroule du côté birman. A l’ouest, vers le couchant, en direction d’autres territoires insurgés de cette région de la « République de l’Union du Myanmar » (nom de la Birmanie depuis 1989), les deux cônes massifs de montagnes bouclant un horizon ébouriffé de jungle commencent à disparaître dans le crépuscule naissant.
Autour de la table, ils sont sept. Cinq hommes, deux femmes. Sans compter des gens de la guérilla de l’ethnie Karen, la KNU (Union nationale karen) qui hébergent le petit groupe dans ce territoire contrôlé par les rebelles. La plupart des exilés de fraîche date sont des Birmans appartenant à d’autres peuples minoritaires dont certaines des armées commencent, l’une après l’autre, à reprendre les armes contre le gouvernement militaire.
Prêts à reprendre la lutte
Depuis le coup d’Etat du 1er février, toutes et tous se trouvaient sur les barricades de la Birmanie en révolte. Ils viennent de fuir la plaine centrale et ses grandes villes – Rangoun, Mandalay, etc. Pour ces rescapés, mieux valait cette fuite en arrière et l’incertitude des lendemains qui ne chanteront pas à la mort idiote dans les rues sans joie de l’insurrection. Mais ils n’ont pas baissé la garde : pour la plupart, ce n’est pas la peur qui leur a fait trouver leur salut dans la fuite. Quand ils en auront les moyens, ils affirment être prêts à reprendre la lutte, sur tous les fronts, avec les moyens dont ils espèrent alors disposer.
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