Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a indiqué vendredi tabler sur « une très forte reprise » de l’économie du pays « dans les prochains mois » pour permettre à terme à l’Italie de « sortir de l’endettement élevé ».
« Si la croissance est conforme à nos attentes », dopée par des réformes et des investissements, l’Italie entrera dans un cercle vertueux qui lui permettra de « rembourser une dette viable », a-t-il déclaré devant la presse.
Rome table sur une hausse du PIB de 4,5% pour 2021 en intégrant l’effet des mesures de relance de l’économie et une croissance de 4,8% en 2022.
Mario Draghi s’exprimait au lendemain de l’adoption par son gouvernement d’une nouvelle rallonge budgétaire de 40 milliards d’euros pour 2021 afin de faire face aux effets sur l’économie de la pandémie de coronavirus.
« Nous parions sur la +bonne dette+, ce qui signifie que les investissements doivent être bien conçus et mis en œuvre et les règles simplifiées », a-t-il précisé.
L’ancien président de la BCE faisait ainsi référence à des propos tenus lors d’un forum à Rimini (côte adriatique) en août dernier assurant qu’une dette était « bonne » si « elle est utilisée à des fins productives » et « sert à financer des infrastructures essentielles ».
« En revanche, si la dette est utilisée à des fins improductives, elle sera considérée comme une +mauvaise+ dette », avait-il alors expliqué.
La « viabilité de la dette » est désormais mesurée par la « capacité de croissance durable » d’un pays et non plus à l’aune « des taux d’intérêt qui sont bas », a-t-il fait valoir.
Le gouvernement italien a revu à la hausse sa prévision de déficit pour cette année à 11,8% du PIB, contre 9,5% en 2020, sous l’effet des dépenses liées à la relance d’une économie toujours freinée par la pandémie.
La dette publique aussi dérape: elle devrait atteindre le ratio vertigineux de 159,8% du PIB en 2021, contre 156% estimé auparavant, avant de diminuer graduellement.
– Règles européennes en suspens –
« Jugée avec les yeux d’hier, une telle situation serait très préoccupante », a reconnu M. Draghi. Mais la donne a changé: la pandémie « a rendu légitime la création de beaucoup de dette » et a joué sur les règles européennes et la politique de la BCE.
Selon les prévisions de Rome, le déficit public du pays devrait passer en 2025 sous la barre des 3%, le plafond autorisé par les règles européennes qui ont été suspendues en raison de la pandémie.
« Personne n’a évoqué la possibilité que les règles puissent être rétablies dans les mêmes termes qu’avant », a-t-il relevé, en évoquant des échanges avec d’autres pays membres de la zone euro.
« La solution de bon sens est un engagement sérieux à réduire le ratio dette/PIB sans compromettre la croissance d’un pays », a résumé M. Draghi.
Une grande partie de la nouvelle rallonge budgétaire de 40 milliards d’euros devait être affectée à des mesures d’urgence pour soutenir des entreprises en difficulté.
Rome a programmé en outre un endettement supplémentaire d’environ 6 milliards d’euros par an sur la période 2022-2033 pour couvrir des investissements qui ne seraient pas financés par le méga-plan de relance européen de 750 milliards d’euros.
De loin le plus grand bénéficiaire de ce plan, Rome hérite d’une part de 191,5 milliards de subventions et prêts.
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