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Le magazine américain Time a écrit un jour : « Fidel Castro est le cœur, et Raul Castro le poing de la révolution. » Le cœur a cessé de battre le 25 novembre 2016, et le poing devait officiellement lâcher prise lundi 19 avril, à l’issue du 8e congrès du Parti communiste de Cuba (PCC) réuni à huis clos pendant quatre jours à La Havane. Dans son discours d’ouverture vendredi devant les 300 délégués du conclave, celui qui fut l’éternel numéro deux et ministre des forces armées pendant près d’un demi-siècle dans l’ombre de son grand frère a confirmé, à 89 ans, qu’il faisait ses adieux politiques et qu’il le faisait pour donner l’exemple. « Je continuerai à servir comme un simple combattant révolutionnaire, a-t-il assuré, prêt à apporter ma modeste contribution jusqu’à la fin de ma vie. »
Après Fidel, Raul passe ainsi la main et cède son siège de premier secrétaire, le poste le plus important dans la hiérarchie du pouvoir, à Miguel Diaz-Canel, 60 ans, actuel président de l’île. De fait et pour la première fois depuis 1959, Cuba ne sera plus dirigé par un Castro. Une page d’histoire qui, en d’autres circonstances, aurait pu être marquante mais qui, en raison du contexte dans lequel elle se tourne, trouve aujourd’hui un écho singulier tant le pays semble regarder ailleurs, absorbé par une pénurie alimentaire vertigineuse, une crise pandémique, économique et sociale totalement inédite.
Nommé président par intérim en 2006, à la suite de la grave maladie de Fidel, celui que les Cubains appelaient alors « le Terrible », ou « le Petit Soldat », avait très tôt, déjà, hérité d’un pays mal en point. La manne financière des pétrodollars vénézuéliens était devenue à l’époque l’alpha et l’oméga de toute une île, durement éprouvée par les mesures drastiques mises en œuvre par le régime durant la période dite « spéciale », celle des années 1990, après la chute du bloc soviétique.
« Nous ne sommes pas des magiciens »
Dans son discours donné à l’occasion de la fête nationale du 26 juillet 2007, Raul promit d’introduire « des changements structurels et conceptuels » en précisant que « tout ne pourra être résolu dans l’immédiat et qu’il ne faudra pas compter sur des solutions spectaculaires ». Une mise en garde reprise cinq mois plus tard, devant l’Assemblée nationale où le frère cadet des Castro déclara : « Nous ne sommes pas des magiciens. »
Sage précaution. Malgré la mise en place de quelques réformes prudentes, la levée de certaines interdictions pesant sur l’économie et une ouverture timide au secteur privé, la situation de l’île s’est effondrée. L’aide du Venezuela s’est tarie. Le renforcement de l’embargo et les restrictions supplémentaires imposées par l’administration Trump ont eu un effet dévastateur. L’incroyable lourdeur et inertie de ce que les autorités appellent elles-mêmes le « blocus interne », c’est-à-dire le fonctionnement propre du modèle cubain, ses lenteurs, ses détours et ses impasses, son marché noir aussi et ses passe-droits a fait le reste.
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