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LETTRE DE NEW-YORK
Il y a deux manières de raconter l’histoire. La première consiste à flatter les préjugés français sur l’inhumanité du système de santé américain et d’expliquer que, après avoir reçu de l’hôpital une facture de 62 174 dollars (51 650 euros) pour l’opération d’une sciatique, j’en ai reçu, quelques semaines plus tard, une seconde, de 43 970 dollars, pour les honoraires du chirurgien, que l’assurance refusait obstinément de couvrir.
La seconde voie est de vendre la mèche et d’expliquer qu’in fine j’en ai été pour 750 dollars de ma poche. Aux Etats-Unis, quand on a un pépin de santé et qu’on bénéficie, comme 55 % des Américains, d’une assurance privée (coût moyen annuel de 21 300 dollars pour une famille, en général payée aux trois quarts par l’employeur), on a bien des frayeurs, mais on est soigné sans avoir à payer les sommes mirobolantes annoncées.
Ce récit ne décrit pas la condition des personnes non assurées (un peu moins de 10 % de la population en 2019, selon la Kaiser Family Foundation) ou couvertes par la puissance publique parce qu’elles sont pauvres (Medicaid, 19,8 %), âgées (Medicare, 14,2 %) ou militaires (1,4 %). Moins glamour ou tragique, il s’agit d’un épisode classique, « classe moyenne », qui permet de relater les chausse-trappes du système américain.
Un accord préalable qui traîne
Tout commence en mai 2020 : je suis pris d’une sciatique. La douleur est intense, je boite et mon médecin traitant m’envoie voir un spécialiste à l’hôpital Mount Sinai. Situé au sud d’Harlem, le long de Central Park, l’établissement a des airs de citadelle en ces temps de Covid-19. Le verdict est immédiat : il faut opérer, sinon la paralysie du pied sera irréversible.
Je suis immédiatement mis entre les mains d’un chirurgien, qui propose d’opérer en urgence, le soir même, ou d’attendre… trois jours, le jeudi, le temps de réaliser les examens préparatoires. Va pour le jeudi. Dans la journée de mercredi, je vois le cardiologue, je passe une IRM et un test de dépistage du Covid-19. Médicalement, tout est au point… Sauf l’assurance. Cette dernière n’a toujours pas donné son accord préalable pour l’opération. Le secrétariat du chirurgien m’alerte le mercredi en fin de matinée et m’explique que l’assurance exige que je l’appelle directement, pour expliquer mon cas.
En plein stress, par téléphone, s’engage une conversation ubuesque de quarante-cinq minutes avec les équipes de l’assurance. J’expose à mon interlocutrice mon état médical. Sur instruction du chirurgien, je lui communique le code des actes chirurgicaux prévus, le numéro fiscal du médecin et de l’hôpital. Je raccroche, consterné par cette interminable discussion qui ne devrait pas être de mon ressort. Et puis, plus rien.
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