France World

Minée par la pandémie, l’Inde est mise à l’encan

https://img.lemde.fr/2021/04/16/449/0/2992/1496/1440/720/60/0/b00cb44_763327380-gettyimages-1231737108.jpg

Manifestation contre le projet de privatisation des banques du secteur public, à Amritsar (nord-ouest de l’Inde), le 15 mars 2021. Manifestation contre le projet de privatisation des banques du secteur public, à Amritsar (nord-ouest de l’Inde), le 15 mars 2021.

Un « saut quantique ». C’est l’expression qu’a employée Ajay Bhushan Pandey, directeur du budget au ministère des finances de l’Inde, pour donner une idée de l’ampleur des privatisations que son pays a décidé d’entreprendre dans les mois à venir. Ce haut fonctionnaire de New Delhi, 60 ans tout rond, sait de quoi il retourne. Directeur des impôts jusqu’en mars 2020, il avait eu le triste privilège d’assister, mois après mois, à la baisse des recettes de l’Etat consécutive au ralentissement du géant d’Asie du Sud (1,38 milliard d’habitants), bien avant que surgisse le virus SARS-CoV-2.

Pour remettre le sous-continent sur pied, alors qu’une deuxième vague de Covid-19 déferle à une vitesse folle depuis la mi-février, M. Pandey sait qu’il va falloir financer la relance en raclant les fonds de tiroir. En 2020, avec la multiplication des faillites d’entreprises, l’envolée du chômage et la baisse dramatique de la consommation des ménages, les rentrées fiscales ont fondu de moitié par rapport aux prévisions. Plus question de poursuivre la politique de gestion des actifs publics de ces dernières années, avec des objectifs de recettes de privatisations jamais atteints. Non, cette fois, le gouvernement nationaliste dirigé par l’autoritaire Narendra Modi veut vendre tout ce qu’il peut.

Parmi les bijoux de famille à céder figurent deux banques publiques, ainsi que toute une batterie de sociétés de l’industrie et des services

Ajay Bhushan Pandey, qui a été le principal artisan du projet de loi de finances pour l’année fiscale 2021-2022, présenté en conseil des ministres le 1er février, pense qu’il convient de faire de nécessité vertu. Dans la colonne recettes, il a inscrit, avec l’aval de la ministre des finances, Nirmala Sitharaman, la somme de 1 750 milliards de roupies (19,5 milliards d’euros) sous l’intitulé « désinvestissements, privatisations et monétisation des actifs ».

Parmi les bijoux de famille à céder au cours des douze prochains mois figurent deux banques publiques – l’IDBI de Bangalore et, sans doute, la Bank of Maharashtra, dont le siège se trouve à Pune –, ainsi que toute une batterie de sociétés de l’industrie et des services : la compagnie maritime Shipping Corporation of India ; le transporteur de fret Container Corporation of India, filiale des chemins de fer nationaux, Indian Railways, également à vendre ; le constructeur d’engins de chantier Bharat Earth Movers ; l’entreprise de transport par hélicoptère Pawan Hans ou encore l’exploitant de minerais Neelachal Ispat Nigam. L’Inde est à l’encan.

Il vous reste 74.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Minée par la pandémie, l’Inde est mise à l’encan est apparu en premier sur zimo news.