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Un vent glacial souffle sur la relation particulière qu’entretiennent les présidents russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan, jusqu’ici unis dans une forme de coopération hostile, tantôt alliés, tantôt adversaires.
A la consternation d’Ankara, la Russie a décidé de suspendre pour un mois et demi ses liaisons aériennes vers la Turquie, officiellement pour raison sanitaire, les contaminations au SARS-CoV-2 ayant atteint un niveau record parmi la population turque, avec plus de 60 000 cas enregistrés chaque jour.
Entrée en vigueur jeudi 15 avril, la décision mine le moral des professionnels turcs du tourisme, qui comptaient sur les arrivants russes pour repeupler les plages et les hôtels d’Antalya. Le coup est rude pour le gouvernement turc, qui, guetté par une crise monétaire, compte sur le tourisme et ses revenus en devises pour renflouer les caisses de l’Etat.
Il n’est pas certain que Vladimir Poutine ait eu seulement la pandémie à l’esprit lorsqu’il a fait part à son homologue turc de sa décision de suspendre le trafic aérien, vendredi 9 avril. Son coup de fil à M. Erdogan est intervenu à un moment symbolique, juste à la veille de la visite en Turquie du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, venu refaire provision de drones turcs.
Moscou s’inquiète du regain de coopération militaire entre l’Ukraine et la Turquie, craignant pour son hégémonie dans la région. Les équilibres géopolitiques ont été chamboulés en 2014 par sa décision d’annexer la Crimée, péninsule ukrainienne depuis 1957.
Fabrication conjointe
Dans l’est de l’Ukraine, le conflit déclenché par la Russie entre les séparatistes qu’elle soutient et les forces ukrainiennes a coûté la vie à près de 14 000 personnes. Aujourd’hui, la guerre menace de repartir de plus belle. Les tensions sont montées d’un cran depuis le déploiement ces derniers jours par Moscou de milliers de soldats et d’armement lourd le long de la frontière russo-ukrainienne.
Dans ce contexte, l’acquisition par Kiev de drones turcs armés inquiète tout particulièrement les militaires russes, convaincus que ces armes seront bientôt utilisées contre leurs protégés, les séparatistes prorusses des régions de Donetsk et de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine.
De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n’a pas oublié que les drones turcs ont donné à l’Azerbaïdjan un avantage décisif dans la guerre menée contre les Arméniens à l’automne 2020 pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh. C’est pourquoi il veut en acquérir plus et renforcer la coopération militaire avec Ankara.
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