Cérémonie nationale en Allemagne en mémoire des morts du Covid-19

L’Allemagne honore, dimanche 18 avril, la mémoire de ses quelque 80 000 citoyens emportés par le Covid-19, à l’occasion d’une cérémonie nationale, destinée également à faire acte de solidarité envers les familles des victimes qui, bien que n’étant pas mortes du Covid-19, sont tout de même parties dans la solitude en raison de la situation sanitaire. La chancelière, Angela Merkel, et le chef de l’Etat, Frank-Walter Steinmeier, ont assisté dans la matinée à une messe dans l’église du Souvenir-de-l’Empereur-Guillaume, lieu emblématique de Berlin consacré à la paix et à la réconciliation.

Puis, Mme Merkel et M. Steinmeier ont pris part à une cérémonie, laquelle a été retransmise par les télévisions publiques vers 11 heures, à la Konzerthaus, une salle de concerts au centre de Berlin, où M. Steinmeier tiendra par la suite un discours. « Il est très important de faire une pause pour prendre congé dans la dignité de tous ceux qui sont morts pendant la pandémie, y compris de ceux qui n’ont pas succombé au virus, mais qui sont eux aussi morts dans la solitude », a déclaré M. Steinmeier à l’annonce de cette commémoration nationale.

« Derrière chaque chiffre, un destin »

Les chefs des seize Länder ont, parallèlement, invité la population à déposer, en guise de symbole, une bougie à la fenêtre chaque soir, ce week-end. « Nous voulons prendre conscience de ce que nous avons perdu », ont-ils déclaré dans un appel commun, « mais aussi, ensemble, retrouver force et espoir ».

Pour le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, il est essentiel de se distancer des statistiques quotidiennes, et de se rappeler que, « derrière chaque chiffre, il y a un destin ». En mars, M. Steinmeier avait rencontré les proches de plusieurs victimes, qui, au-delà de la douleur d’avoir perdu un être cher, avaient aussi exprimé leur souffrance quant au fait de n’avoir pas pu accompagner les leurs dans les derniers instants de la vie, de n’avoir pas pu leur tenir la main, ni leur organiser de réelles funérailles.

La commémoration intervient alors qu’une troisième vague de l’épidémie, marquée par la rapide propagation de variants, s’est abattue sur l’Allemagne, qui voit le nombre de nouvelles infections et de morts grimper, sur fond d’une campagne de vaccination qui aura mis du temps à démarrer pour de bon.

Bientôt un nouveau tour de vis sanitaire

« L’ampleur des décès est tellement dramatique que nous avons besoin justement maintenant » d’une telle cérémonie, à travers laquelle « une société tout entière se recueille en l’honneur de tous ces morts, beaucoup trop nombreux », a estimé Heinrich Bedford-Strohm, président de l’église évangélique d’Allemagne, auprès de l’agence de presse germanophone DPA.

Cette cérémonie s’avère d’autant plus nécessaire que les mesures de lutte contre le virus sont appelées à se durcir dans le pays. Le gouvernement d’Angela Merkel veut en effet imposer un verrouillage national, avec, notamment, des couvre-feux et de nouvelles restrictions des contacts, dans l’objectif de lutter plus efficacement contre le virus et de mettre un terme à une gestion de la crise hasardeuse, menée conjointement, jusqu’à présent, avec les Länder, compétents en matière sanitaire.

« Le virus ne pardonne pas les demi-mesures, qui ne font que l’aggraver », a prévenu la chancelière vendredi en défendant au Bundestag la loi qui doit renforcer ses pouvoirs. Le feu vert du Parlement est quant à lui attendu la semaine prochaine.