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Yannick Jadot : « Faire reculer l’influence des régimes autoritaires ne doit pas signifier s’engager dans une nouvelle guerre froide »

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Tribune. Le 22 mars, l’Union européenne a sanctionné quatre responsables chinois impliqués dans la persécution des Ouïgours, une première depuis le massacre de Tiananmen en 1989. En représailles, le régime chinois a sanctionné plusieurs élus et chercheurs européens, dont mes collègues Reinhard Bütikofer et Raphaël Glucksmann. Que leur reproche-t-il ? De critiquer le régime. Celui-ci entend désormais réprimer au-delà de ses frontières toute liberté d’expression.

Cette escalade intervient dans un contexte marqué par une agressivité croissante des régimes autoritaires qui dirigent la Chine, la Russie ou encore la Turquie. Elle alimente une montée des tensions internationales comme on n’en avait plus connu depuis les années 1980. Ces régimes contribuent à déstabiliser notre voisinage en Syrie, en Libye, à Chypre, en Ukraine ou encore au Haut-Karabakh.

Ils s’efforcent aussi de fragiliser nos démocraties en y diffusant de fausses nouvelles, en y soutenant des mouvements extrémistes, en rachetant nos entreprises clés ou en ayant recours à des cyberattaques. Face à ces régimes autoritaires, il nous faut réagir maintenant. Et ces enjeux de politique étrangère doivent devenir l’un des thèmes majeurs de l’élection présidentielle de 2022.

Comment les faire reculer ? D’abord en dépendant moins d’eux. Il nous faut accélérer la décarbonation de nos économies pour le climat, bien sûr, mais aussi pour moins dépendre de la Russie ou de l’Arabie saoudite. Investir massivement dans la rénovation thermique des bâtiments et les énergies renouvelables ne sortirait pas seulement des dizaines de millions d’Européens de la précarité énergétique tout en créant des milliers d’entreprises et des millions d’emplois sur nos territoires, cela nous permettrait de mettre immédiatement fin au projet gazier Nord Stream 2 et de ne pas fragiliser un peu plus l’Ukraine déjà confrontée à l’agression militaire de son voisin russe. Ce qui est vrai pour l’énergie l’est tout autant pour la santé, le numérique, l’industrie, la défense.

Utiliser notre position de force

Certains pensaient il y a vingt ans que le « doux commerce » suffirait à amener la Chine à se démocratiser. Il n’en a rien été : le régime s’est au contraire durci depuis l’entrée du pays dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Sur plusieurs dossiers que je suis en tant que député européen, comme le photovoltaïque ou la régulation du commerce, j’ai malheureusement constaté combien la stratégie chinoise associant menaces de rétorsion et division des Européens était efficace.

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