Treize personnalités chinoises et étrangères, « victimes de confessions forcées diffusées par les télévisions chinoises », ont pressé Eutelsat, l’opérateur européen de satellites, de reconsidérer sa décision de diffuser les chaînes publiques chinoises CGTN et CCTV4.
« Nous vous demandons (…) de déterminer si les fournisseurs de télévision dans les sociétés démocratiques devraient continuer d’être moralement complices de la diffusion d’informations intentionnellement déformées obtenues par la torture », écrivent-elles dans une lettre ouverte sous la houlette de l’association européenne safeguard DEFENDERS.
Egrénant une liste de violations de droits de l’homme dont ils accusent la Chine, ils expliquent s’être vu extorquer ainsi des aveux et « refuser le droit à un procès équitable ».
« Nous avons remarqué qu’Eutelsat autorise la diffusion de ces mêmes chaînes de télévision d’État du Parti chinois. Nous ne sommes qu’un peu plus d’une douzaine de victimes capables de prendre la parole (…). De nombreuses victimes restent en prison. Quelques-unes ont été exécutées », écrivent les signataires.
« Vous continuez de diffuser ces chaînes malgré ces graves violations des droits humains. Les victimes n’ont aucun moyen de demander réparation. La seule façon d’arrêter cela est que les régulateurs de télévision enquêtent et prennent des mesures », affirment-ils, en rappelant qu’en Australie, la diffusion de CGTN et CCTV 4 a été suspendue et que CGTN avait été mise à l’amende au Royaume-Uni pour atteinte à la vie privée et partialité, peu après avoir été interdit d’émettre.
Cette interdiction a poussé CGTN à s’installer en France où le régulateur français de l’audiovisuel, le CSA, a estimé en mars qu’elle remplissait les critères purement techniques nécessaires pour être autorisée à émettre.
Toutefois le CSA a déjà été saisie cette semaine de deux plaintes à propos de CGTN, portée par safeguard DEFENDERS, dont l’une a trait à une interview d’une enfant ouïghoure sous la contrainte, selon la saisine, l’autre concernant le chercheur allemand Adrian Zenz qui estime avoir été diffamé.
La lettre ouverte publiée est signée par des avocats chinois spécialistes des droits de l’homme, ayant eu des démêlés avec les autorités chinoises, comme Bao Longjun ou Jiang Tianyong, mais aussi des étrangers: Simon Cheng, ancien employé du consulat du Royaume-Uni à Hong Kong, qui avait disparu en 2019 et avait affirmé avoir été torturé par la police, Peter Dahlin, un militant suédois détenu pendant trois semaines en 2016 puis expulsé pour atteinte à la sécurité nationale.
Une autre signataire, Angela Gui, a paraphé « au nom de Gui Minhai », éditeur chinois naturalisé suédois qui publiait à Hong Kong, condamné en février 2020 à 10 ans de prison.
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