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Le Covid-19 pousse l’Espagne sur la voie du fédéralisme

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Analyse. Un modèle territorial décentralisé est-il plus efficace pour lutter contre une pandémie globale qu’une gestion centralisée des crises ? En Espagne, où l’organisation du pouvoir entre le gouvernement central et des communautés autonomes fortement décentralisées est communément qualifiée de « fédéralisme imparfait », il semble évident que cela dépend surtout du degré de collaboration des régions avec l’Etat.

Cette question en a amené une autre : comment, dans un contexte de forte décentralisation mais aussi de fortes rivalités territoriales et politiques, garantir la coopération entre les régions et le gouvernement central, et une cohésion du pays basée sur un sentiment de responsabilité partagée ? Une question restée, elle, sans réponse, si l’on en juge les dissensions qui se sont manifestées mardi 6 avril.

Usure politique

Ce jour-là, la Communauté de Madrid a reconnu des contacts discrets avec un intermédiaire pour acheter des vaccins russes Spoutnik V pour son propre compte. De son côté, la région de Castille-et-Léon a pris la décision unilatérale de stopper toute la vaccination avec AstraZeneca, sans attendre la position de l’Agence européenne des médicaments sur ses effets secondaires. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a dû rappeler publiquement que l’approvisionnement en vaccins est de son ressort (et de celui de l’Union européenne), et que la stratégie de vaccination se décide en commun, lors du Conseil interterritorial de santé. Or, ces accrochages ne sont que les derniers en date d’une longue liste.

Durant la première vague, le premier réflexe du gouvernement, après avoir décrété l’état d’alerte, a été de centraliser la gestion de la crise. Après plus de vingt ans de décentralisation de la santé publique, cette démarche s’est révélée, à bien des égards, un échec. La communication des chiffres de contamination a été désastreuse. Les régions ont rivalisé entre elles, et avec le gouvernement central, pour se fournir en masques et matériels sanitaires. Aucun mécanisme de solidarité n’a permis de transférer des patients des régions saturées vers celles qui ne l’étaient pas.

Quant au ministère de la santé, devenu une sorte de coquille vide, il a eu grande peine à assumer la gestion centralisée qu’il avait promise. Dans ce contexte, seule l’armée, en intervenant dans toutes les régions d’Espagne pour monter des hôpitaux de campagne ou mener des tâches de désinfection, a donné une image de cohésion. C’est sans doute pour cette raison qu’elle a tant été mise à contribution.

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