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Compromis trouvé pour le rachat par Veolia d’une partie de Suez

Après huit mois de bataille, Veolia et Suez ont enterré la hache de guerre: les deux fleurons français de l’eau et des déchets ont annoncé lundi un accord de principe pour que le premier absorbe en partie son rival afin de donner naissance à un « champion mondial de la transition écologique », une opération saluée par le gouvernement français.

Veolia rachètera une large partie des opérations de Suez à l’international pour peser, au total, 37 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le futur Suez, concentré sur la France, sera repris par des actionnaires majoritairement français et fera moins de la moitié de la taille du groupe actuel, soit de l’ordre de 7 milliards de chiffres d’affaires sur les 17 milliards actuels.

« Toutes les parties prenantes des deux groupes sortent (…) gagnantes. Le temps de l’affrontement est terminé, le temps du rapprochement commence », s’est réjoui le PDG de Veolia, Antoine Frérot, cité dans un communiqué commun avec Suez.

« Nous avions appelé de nos voeux une solution négociée depuis de longues semaines et nous avons aujourd’hui trouvé un accord de principe qui reconnaît la valeur de Suez », a souligné le président de ce dernier, Philippe Varin.

D’un vaste désaccord initial, les deux entreprises sont parvenues à une série de compromis et espèrent conclure des accords définitifs d’ici au 14 mai.

Veolia a notamment accepté de relever son offre à 20,50 euros par action Suez — il proposait initialement 18 euros, un montant jugé insuffisant par son rival qui exigeait 22,50 euros par titre. Le prix finalement retenu valorise l’ensemble de Suez à environ 13 milliards d’euros.

Dans le même temps, le « nouveau Suez » intègrera les activités actuelles de Suez dans l’eau municipale et le déchet solide en France, ainsi que d’autres activités de l’entreprise « notamment dans l’eau » et dans plusieurs zones géographiques dont l’Italie, l’Afrique, l’Inde, la Chine et l’Australie.

Selon une source proche du dossier, le fonds Meridiam ainsi que le duo composé par les fonds Ardian et GIP, qui soutenaient respectivement les initiatives de Veolia et de Suez, en détiendront chacun 40%. Le solde devrait être aux mains de la Caisse des dépôts et des salariés.

Meridiam avait déjà annoncé être prêt à apporter également ses activités de traitement des déchets en Europe, soit l’équivalent d’un million de tonnes.

– La Bourse applaudit –

A la Bourse de Paris, la signature de cet armistice a été saluée: à 13h00 (11h00 GMT), dans un marché atone, le titre Veolia bondissait de près de 9% et celui de Suez de pratiquement 8%. Ce dernier, coté à 19,84 euros, approchait ainsi du prix proposé dans le cadre de l’offre.

Côté syndical, le secrétaire CGT du comité d’entreprise européen de Suez, Franck Reinhold von Essen, a exprimé lundi auprès de l’AFP un « réel sentiment de trahison », estimant que « les moyens de négocier autre chose existaient ».

De son côté, Hervé Déroubaix, secrétaire général du Syndicat national des personnels de l’eau et de l’assainissement, a dit attendre de voir les conditions dans lesquelles les salariés de Suez allaient passer dans le nouvel ensemble « pour qu’ils ne soient pas perdants et qu’il y ait un vrai projet social et stratégique ».

L’accord prévoit quatre ans de maintien de l’emploi et des acquis sociaux dans le nouveau Suez.

Multiplication des recours en justice, invectives par voie de presse, coups de pression et de semonce… Les deux groupes français s’affrontaient depuis août dernier, et notamment depuis l’acquisition par Veolia en octobre de 29,9% de Suez auprès d’Engie. Veolia avait ensuite lancé une OPA hostile sur le reste des actions Suez.

En parallèle, chacun affichait régulièrement sa volonté de tendre la main à son rival, mais à ses conditions, donnant l’impression d’un dialogue de sourds.

L’affaire avait aussi pris un tournant politique, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire intervenant à plusieurs reprises pour plaider en faveur d’une solution négociée. Lundi, il a salué un « accord à l’amiable » qui « préserve l’emploi ».

En l’absence d’avancée probante dans les discussions, une réunion s’était tenue jeudi dernier à Bercy en présence notamment du ministre et d’Eric Lombard, le patron de la Caisse des dépôts (CDC), a expliqué lundi à l’AFP une source proche du dossier.

A son issue, il avait été décidé que si les deux groupes n’arrivaient pas à une solution négociée, la CDC ne resterait pas actionnaire de Veolia dont elle détenait 6,5% fin 2020, a ajouté cette source, faisant augmenter la pression pour parvenir à un compromis.

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