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Depuis plusieurs semaines, le Chili récoltait les médailles. Premier pays d’Amérique latine à vacciner autant, avec plus de 7 millions de doses injectées pour 19 millions d’habitants. Troisième pays au monde, derrière Israël et le Royaume-Uni, en proportion de leur population (37 % des Chiliens ont reçu au moins une dose). Le calendrier vaccinal contre le coronavirus a d’ailleurs toujours de quoi provoquer l’envie de la majorité des Etats : la campagne appelle ces jours-ci les quinquagénaires en bonne santé. C’est « un exploit », s’enorgueillissait le ministre de la santé, Enrique Paris, dès la fin du mois de février, estimant : « On peut être empli de fierté. » « La vaccination massive représente l’espoir de reprendre nos vies [d’avant] et de prendre ceux que l’on aime dans nos bras », déclarait avec confiance le président Sebastián Piñera (droite), tandis qu’il recevait le 12 février une première dose du vaccin chinois Sinovac, administré de façon écrasante dans le pays.
Mais, à contre-courant de l’espoir dessiné par cette campagne efficace, ce sont maintenant d’autres indicateurs record qui prennent le dessus : jeudi 8 avril, 8 195 cas positifs ont été confirmés, du jamais-vu. Rappel de la sombre époque de l’automne austral de 2020, lorsque les hôpitaux frôlaient la saturation, les services de soins intensifs sont de nouveau exsangues : 95 % des lits sont occupés.
« L’épidémie est hors de contrôle, et le virus se réplique à une plus grande vitesse que lors du pic de juin 2020. Il y a eu un discours beaucoup trop triomphaliste qui a laissé penser que le vaccin était un blanc-seing. Il n’y a pas assez eu de respect des mesures barrières », s’alarme Gabriel Cavada, épidémiologiste et spécialiste en biostatistiques. Face à la vague, le gouvernement a décrété un confinement fin mars, avec de fortes restrictions sur les sorties et déplacements, et la fermeture des écoles ouvertes ; il concerne près de neuf habitants sur dix. Et les élections prévues en avril ont été décalées de cinq semaines.
Première dose efficace à 3%
Mais en amont, pendant l’été austral, époque de très relative accalmie des contaminations, les Chiliens ont pu circuler librement, avant de retrouver leur foyer avec la reprise de l’activité au mois de mars. « Le virus s’est disséminé. La courbe actuelle des contaminations n’a rien de surprenant. On vit exactement ce qu’a connu l’hémisphère Nord à l’arrivée de l’automne et de l’hiver, période également plus propice aux virus respiratoires », observe Miguel O’Ryan, infectiologue à l’université du Chili. A l’instar du pays, l’Argentine ou l’Uruguay sont également confrontés à une brutale montée en flèche des contaminations. « Les saisons étant inversées et les vaccins étant différents, cela n’aurait cependant aucun sens de comparer les effets de la vaccination au Chili et en Israël », souligne l’infectiologue.
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