En imagesLa photographe Laura El-Tantawy a accompagné la Parade dorée des pharaons, cortège de 22 momies de rois et reines de l’Egypte antique, le 3 avril, sur la place Tahrir au Caire. La cérémonie grandiose, qui a marqué leur transfert vers le Musée national de la civilisation égyptienne, s’est déroulée sans fausse note, mais sans foule.
La Parade dorée des pharaons qui a immobilisé le centre du Caire samedi 3 avril est immortalisée sur la Toile. Il suffit d’un clic pour revivre le spectacle grandiose qui a accompagné le transfert de vingt-deux momies royales du célèbre Musée égyptien de la place Tahrir vers le Musée national de la civilisation égyptienne.
L’évènement fastueux était destiné à promouvoir l’image de l’Egypte sur la scène internationale : la manne touristique est en berne, sous le coup de la pandémie de Covid-19. Mais le défilé, célébré en amont comme un moment historique par des médias nationaux, avait aussi un tour très politique : l’ambition était de faire vibrer la fibre patriotique, d’unir dans un sentiment de fierté nationale – voici que l’Egypte était de nouveau au cœur de l’attention mondiale ! Dans ce show, le président Abdel Fattah Al-Sissi, qui dirige d’une main de fer le pays, s’est lui-même mis en scène, en « accueillant » les dépouilles de rois et reines de l’Egypte antique en leur nouvelle demeure.
Les Egyptiens ont été nombreux à applaudir la réussite de la parade, alliant figurants en costumes, garde montée, chanteurs populaires, danseuses et jeux de lumières. Un vent de « pharaomania » s’est aussi levé chez les plus jeunes.
Mais les polémiques n’ont pas manqué non plus, sur les réseaux sociaux ou dans les conversations entre amis : la glorification du passé peut-elle masquer les inégalités et les peurs du présent ? Quel sera le retour sur investissement de cette dépense somptuaire, dans un pays sous ajustement structurel et politique néolibérales ? Le tempo était-il opportun pour une telle opération de communication, alors que le virus mondial empêche un retour imminent des touristes étrangers ?
Nombreux ont été ceux, enfin, à noter l’absence de la foule : les Egyptiens avaient été priés de regarder à la télévision ce convoi peu banal, entouré de mesures de sécurité drastiques. Mais même lorsque le rideau est retombé sur la place Tahrir, des Cairotes qui espéraient s’y faire photographier, emporter une bribe de réjouissances avec eux, ont été éconduits par des gardes. C’est ainsi qu’il en va du reste, au quotidien, sur ce lieu emblématique du Caire. Comme un rappel, s’il en fallait, que le narratif est étroitement contrôlé.
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