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Face au Covid-19, la Russie a fait un choix millénaire : l’Etat contre le citoyen

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Analyse. Dans une tribune écrite le 25 mars pour le magazine Valeurs actuelles, une diplomate russe raconte son retour au pays, sa mission en France achevée. Ekaterina Kopylova, chef de cabinet de l’ambassadeur entre 2016 et 2021, raconte l’« euphorie » qui accompagne ses premiers pas à Moscou, son émerveillement devant des joies simples : aller au spectacle, dîner au restaurant, voir ses proches… « Le 11 mars dernier, j’ai atterri dans un pays serein, actif, tourné vers l’avenir tout en restant attentif », écrit-elle.

Le tableau est idyllique… et vrai. Moscou (qu’il ne faut pas confondre avec la Russie) était avant la crise due au nouveau coronavirus une mégalopole où il faisait bon vivre : propre, sûre, dynamique, ultra-connectée. Elle l’est restée. La dernière fois que des mesures de restrictions sanitaires y ont fait la « une », c’est lorsque le maire de la ville a annoncé que l’heure de fermeture, fixée à 23 heures pour les bars et restaurants, était levée. Et lorsque des opposants ont été emprisonnés pour avoir enfreint lesdites normes.

Le récit de Mme Kopylova omet seulement un chiffre : 400 000. C’est, approximativement, la surmortalité constatée en Russie durant l’épidémie, d’avril 2020 à février 2021. Selon le point de comparaison choisi (l’année 2019 ou la moyenne des années précédentes), ce chiffre oscille entre 376 000 et 414 000. Bien plus que les 86 000 morts du Covid enregistrés officiellement à la fin de ce mois de février.

Statistiques impossibles à falsifier

Ce chiffre n’a rien de secret – les statistiques de mortalité, impossibles à falsifier, sont disponibles mois après mois. Dès le printemps 2020, des médias russes et étrangers avaient pointé l’écart entre ces chiffres et les statistiques officielles du Covid, trois à quatre fois plus basses.

Le 28 décembre, la vice-première ministre chargée de la santé, Tatiana Golikova, leur a même donné raison, estimant que « plus de 81 % » de la surmortalité constatée entre janvier et novembre était imputable au Covid-19. Depuis, le mode de comptage russe n’a pas évolué, mais le constat dressé par Mme Golikova reste valable : la Russie se classe dans le groupe de tête mondial pour la mortalité due au Covid-19, en chiffres bruts ou rapportés à la population. L’ignorer est faire preuve de mauvaise foi.

Face à la pandémie, le Kremlin a fait un choix récurrent dans son histoire : celui de l’Etat contre l’individu. Il n’a adopté des mesures drastiques que quelques semaines au printemps (hormis une fermeture stricte des frontières qui, elle, dure toujours). Puis la victoire a été annoncée, notamment pour permettre le vote sur la réforme constitutionnelle le 1er juillet 2020. Dès lors, il ne pouvait plus y avoir de retour en arrière.

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