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Véhicules en feu, jets de cocktails Molotov… Belfast a connu un nouvel épisode de violences dans la nuit de mercredi à jeudi, condamnées par le Premier ministre britannique, Boris Johnson. Depuis plusieurs jours, l’Irlande du Nord est secouée par des émeutes, révélatrices d’un profond malaise lié au sentiment de trahison des unionistes depuis le Brexit.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a condamné une nouvelle nuit de violences en Irlande du Nord, après que des manifestants ont lancé des cocktails Molotov et qu’un bus a été incendié à Belfast dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 avril.
La foule s’est rassemblée sur Lanark Way, à Belfast, « où un autobus a été incendié », ont indiqué les services de police nord-irlandaises.
« La façon de résoudre les différends est par le dialogue et non par la violence ou la criminalité », a tweeté Boris Johnson tard mercredi, tout en faisant part de sa « profonde préoccupation ».
I am deeply concerned by the scenes of violence in Northern Ireland, especially attacks on PSNI who are protecting the public and businesses, attacks on a bus driver and the assault of a journalist. The way to resolve differences is through dialogue, not violence or criminality.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) April 7, 2021
Des incendies ont été signalés sur Lanark Way, où d’énormes barrières métalliques séparent deux quartiers catholique et protestant, selon la correspondante de la BBC.
« Des centaines de personnes de chaque côté ont jeté des cocktails Molotov », a-t-elle tweeté. L’arrivée de la police a fait considérablement diminuer les violences, a-t-elle ajouté.
La circulation du métro dans la région a été suspendue, a indiqué l’agence Press Association.
La Première ministre nord-irlandaise, Arlene Foster, a déclaré : « Il ne s’agit pas d’une protestation. C’est du vandalisme et une tentative de meurtre. Ces actions ne représentent ni l’unionisme ni le loyalisme ».
This is not protest. This is vandalism and attempted murder. These actions do not represent unionism or loyalism. They are an embarrassment to Northern Ireland and only serve to take the focus off the real law breakers in Sinn Fein.
My thoughts are with the bus driver. https://t.co/2JRcOb6s8C— Arlene Foster #WeWillMeetAgain (@DUPleader) April 7, 2021
Le Brexit en toile de fond
Les heurts qui ont secoué l’Irlande du Nord ces derniers jours montrent que le feu couve dans la province britannique, où les conséquences du Brexit créent un sentiment de trahison chez les unionistes attachés à la couronne.
La semaine dernière, des violences ont d’abord éclaté dans la ville de Londonderry, avant de gagner un quartier loyaliste de Belfast et à ses environs pendant le week-end de Pâques.
De petits groupes des jeunes masqués ont incendié des voitures et lancé des cocktails Molotov et des projectiles sur la police, faisant 41 blessés dans les rangs des forces de l’ordre.
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« Il ne fait aucun doute que le Brexit et l’avènement du protocole » introduisant des contrôles sur les marchandises arrivant en provenance de Grande-Bretagne « ont considérablement porté atteinte à l’équilibre des forces », souligne Duncan Morrow, professeur de science politique à l’Ulster university. « Cela couvait depuis des mois », explique-t-il à l’AFP.
Ces incidents font resurgir le spectre des trois décennies sanglantes des « Troubles » entre républicains et unionistes, qui ont fait 3 500 morts.
L’accord de paix signé en 1998 a estompé la frontière entre la province britannique et la République d’Irlande, mais le Brexit est venu fragiliser le délicat équilibre, en nécessitant l’introduction des contrôles douaniers entre Royaume-Uni et Union européenne.
Après d’âpres négociations, Londres et Bruxelles sont parvenus à s’accorder sur une solution, le protocole nord-irlandais, qui permet d’éviter le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande en déplaçant les contrôles dans les ports nord-irlandais.
« Ils ont nié l’existence de toute frontière, alors même que ces frontières étaient érigées »
Malgré une période de grâce destinée à permettre aux entreprises de s’adapter, les nouvelles dispositions, qui de fait maintiennent l’Irlande du Nord dans l’union douanière et le marché unique européens, entraînent des perturbations dans les approvisionnements. Mais au-delà, nombre d’unionistes éprouvent un sentiment de trahison.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, « a promis un accès sans entrave, ce qui n’est pas le cas », a déclaré mercredi sur BBC Radio 4 la ministre nord-irlandaise de la Justice, Naomi Long. « Ils ont nié l’existence de toute frontière, alors même que ces frontières étaient érigées. »
Selon la spécialiste des questions de police/justice au Belfast Telegraph, Allison Morris, les émeutiers s’intéressent peu aux complexités des questions commerciales nées du Brexit, mais « sont en colère ».
« Ils comprennent qu’ils ont été trahis précisément par le gouvernement britannique envers lequel leurs parents, leurs grands-parents et leurs arrière-grands-parents faisaient preuve d’une loyauté servile », a-t-elle écrit.
Certains pensent également que les négociateurs du Brexit ont cédé aux nationalistes qui ont tacitement menacé d’une réponse sanglante à la perspective de toute reprise des contrôles à la frontière irlandaise.
Affaiblissement des unionistes
Mais le Brexit ne représente que l’un des aspects d’une crise plus large chez les unionistes en Irlande du Nord.
En 2017, ils ont perdu leur majorité historique à l’Assemblée régionale de Stormont. Puis en 2019, les élections britanniques ont pour la première fois envoyé plus de députés nationalistes que d’unionistes à Westminster.
S’y ajoutent les signes d’un mouvement démographique, avec la jeune génération, vers les nationalistes, donnant aux unionistes le sentiment d’être une minorité assiégée.
Le Brexit a aussi ravivé un débat plus intense sur la question de l’unification de l’Irlande, l’administration du nouveau président américain Joe Biden mettant en garde le Royaume-Uni contre tout retour à arrière sur le processus de paix de 1998.
Avec AFP
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