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Les premiers trains à hydrogène français bientôt sur les rails

Lancé en Allemagne en 2018, le train à hydrogène doit enfin démarrer en France avec la signature d’un contrat pour 12 rames destinées à quatre régions pionnières, les premiers essais étant prévus fin 2023.

La SNCF a passé commande des premiers modèles à Alstom, pour le compte des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie.

Le président d’Alstom France Jean-Baptiste Eyméoud envisage « les premiers essais sur voie fin 2023, et a priori une mise en service commerciale en 2025 ». Avec près de deux ans de retard sur les ambitions initiales du gouvernement.

« Ca va être une vraie démonstration, un vrai service commercial dans chaque région », avec « des conditions d’exploitations normales », promet-il à l’AFP.

Le président d'Alstom France Jean-Baptiste Eyméoud, à la gare de l'Est à Paris le 6 avril 2017, devant un train Intercités doté de rames Coradia Liner (AFP/Archives - ERIC PIERMONT)

Le président d’Alstom France Jean-Baptiste Eyméoud, à la gare de l’Est à Paris le 6 avril 2017, devant un train Intercités doté de rames Coradia Liner (AFP/Archives – ERIC PIERMONT)

« Notre objectif est de donner envie, montrer que ça marche », renchérit Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs.

Auvergne-Rhône-Alpes a déjà indiqué que les nouveaux trains circuleraient entre Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, Bourgogne-Franche-Comté du côté d’Auxerre, et l’Occitanie sur la ligne conduisant à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne).

Alstom fait figure de pionnier dans le train à hydrogène, avec une technologie mise au point dans son usine de Tarbes. Il a fait circuler ses premiers prototypes en Allemagne en 2018 et y est maintenant entré dans une phase industrielle, avec 41 commandes à ce jour. Le groupe français a aussi vendu des modèles en Italie.

Mais là où les modèles allemands sont monomodes, fonctionnant uniquement à l’hydrogène, les français seront bimodes, capables également de rouler sous caténaires en traction électrique.

Ils auront une autonomie allant jusqu’à 600 km sur les lignes non-électrifiées.

Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs, à l'occasion d'une conférence de presse à Paris, le 14 mai 2020 (AFP/Archives - Ludovic MARIN)

Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs, à l’occasion d’une conférence de presse à Paris, le 14 mai 2020 (AFP/Archives – Ludovic MARIN)

Ces trains mélangent de l’hydrogène embarqué à bord et de l’oxygène présent dans l’air ambiant, grâce à une pile à combustible installée dans la toiture qui produit l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Ils ne rejettent que de la vapeur d’eau.

« C’est une étape supplémentaire vers le +zéro émission+ dans le transport public ferroviaire », souligne Christophe Fanichet à l’AFP.

– Conversion des TER –

Alstom va concrètement installer une chaîne de traction à hydrogène sur un modèle éprouvé parmi les TER français (appelé Coradia Polyvalent par le constructeur national et Regiolis par la SNCF): longs de 72 mètres, ces trains de quatre voitures offriront 218 places assises « et les mêmes performances dynamiques et de confort que la version bimode électrique-diesel », selon ses promoteurs.

Le contrat s’élève pour Alstom à 190 millions d’euros pour 12 rames. Il prévoit la fourniture de trois trains à chacune des quatre régions pionnières, auxquels pourraient s’en ajouter deux en options pour le Grand Est.

Divers frais font augmenter la facture à 215 millions pour les régions, mais une aide de 47 millions de l’Etat vient réduire le prix à 14 millions par rame –c’est-à-dire celui d’un train diesel-électrique dans cette catégorie.

« La France a tout pour devenir un champion de l’hydrogène: le gouvernement est pleinement engagé pour faire de cette ambition une réalité », a remarqué à ce propos le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, cité dans un communiqué.

La SNCF, longtemps réticente, a fini par se convertir à l’hydrogène, désormais considéré comme une bonne option pour remplacer le diesel. Elle s’est donnée pour objectif de ne plus utiliser de diesel en 2035.

Au-delà des prototypes, le marché semble prometteur, puisque près de 1.100 TER utilisent actuellement du diesel. La compagnie teste également diverses formules utilisant des batteries et des carburants « verts » comme le colza.

Dans l'usine Alstom de Reichshoffen, en Alsace, le 4 octobre 2019 (AFP/Archives - PATRICK HERTZOG)

Dans l’usine Alstom de Reichshoffen, en Alsace, le 4 octobre 2019 (AFP/Archives – PATRICK HERTZOG)

Mais il reste à voir si l’on peut utiliser de l’hydrogène « gris » (fabriqué avec des processus utilisant des énergies fossiles, donc polluants) avant de passer à l’hydrogène « vert » (issu d’énergies renouvelables –par électrolyse de l’eau– vraiment propre mais nettement plus cher), pour lequel la France n’est pas prête.

Il faudra aussi assurer des filières permettant d’alimenter les trains.

Autre difficulté potentielle: le type de train qui doit être adapté à l’hydrogène est fabriqué par le site alsacien de Reichshoffen. Or, Alstom s’est engagé à céder l’usine et le train à un concurrent pour obtenir le feu vert de Bruxelles à son rachat de Bombardier Transport.

D’où la nécessaire mise en place d’un mécanisme associant le futur repreneur. Alstom est en négociation exclusive jusque fin avril avec le groupe tchèque Skoda.

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