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Porte close. Sans caméras, ni journalistes. C’est ainsi que se sont tenues, mardi 6 avril, les prestations des serments des sept nouveaux ministres du gouvernement brésilien, issus du grand remaniement décrété fin mars par Jair Bolsonaro. Une fois n’est pas coutume, le président, à qui il revenait de conduire la cérémonie, a préféré la discrétion à l’excès et le silence au vacarme. Signe des temps troublés que traverse aujourd’hui son autorité.
Qu’il paraît loin, en ce début d’automne austral, le temps béni de l’arrivée au pouvoir. C’était en janvier 2019, il y a deux ans à peine. Le flamboyant capitaine, élu largement avec plus de 57 millions de voix, débarque alors à Brasilia. Ceint d’une écharpe verte et dorée, les couleurs nationales, le nouvel élu fait prêter serment à ses ministres en public et sous les vivats. Le « mythe » Bolsonaro est au sommet de son aura.
Un demi-mandat plus tard, le contraste est saisissant. En ce début d’avril, le leader populiste est acculé. Vilipendé pour sa gestion de la pandémie, critiqué par ses alliés, devenu paria sur la scène internationale et menacé par un retour de la gauche au pouvoir, « Bolsonaro est plus isolé que jamais », constate Fernando Limongi, politologue à l’Université de Sao Paulo (USP).
Fini les sourires et les coups d’éclat. Au sommet de l’Etat, l’atmosphère est lugubre. « Tout se décide autour d’un petit cercle de fidèles », poursuit le chercheur. Les décisions se prennent désormais à huis clos, dans le silence pesant des gigantesques palais de béton de Brasilia. De quoi renforcer l’image solitaire, voire paranoïaque, de Jair Bolsonaro, président insomniaque qui dort avec un pistolet sur sa table de chevet.
Inquiétudes et exaspération
Au cœur des critiques, on trouve la gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19. Selon l’institut XP/Ipespe, 48 % des Brésiliens jugent aujourd’hui négativement l’action du gouvernement, soit 17 points de plus qu’il y a six mois. L’attitude de Jair Bolsonaro, coronasceptique assumé, est dénoncée par certains de ses plus proches alliés. « Les remèdes [à la crise politique] sont connus et tous amers. Certains sont mortels ! », a ainsi récemment menacé Arthur Lira, président de la Chambre des députés, évoquant sans se cacher la possibilité d’une destitution.
Leader du « Centrao », ce groupe des petits partis sans idéologie dominant le Parlement avec lequel Bolsonaro a conclu une alliance en 2020, M. Lira est aussi le porte-voix de l’élite économique, inquiète face à l’aggravation de la pandémie. Le 21 mars, plus de 500 économistes, banquiers et chefs d’entreprises ont signé une lettre ouverte exigeant des mesures plus efficaces contre le Covid-19. Une première pour ce secteur qui, en 2018, avait voté en masse pour Bolsonaro.
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